Écophyto pâtit de la séparation de la vente et du conseil des pesticides dans les Hauts-de-France
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Les distributeurs qui ont choisi la vente de produits phytosanitaires doivent se désengager de certaines actions du plan Écophyto. Dans les Hauts-de-France, les animateurs doivent composer avec cette nouvelle donne. Ils axent notamment leurs actions sur la communication.
Dans les Hauts-de-France, la séparation de la vente et du conseil des produits phytosanitaires a des répercussions directes sur les actions menées dans le cadre du plan Écophyto. Le nombre d’exploitations adhérant aux groupes 30 000 est en baisse : il est passé de 150 au sein de 16 groupes, à 90 agriculteurs dans 11 groupes en 2021.
Aucun nouveau Groupe 30 000, réseaux Dephy en baisse
« La dynamique s’essouffle notamment parce que les coopératives et négoces qui ont choisi la vente de produits phytosanitaires ne peuvent plus faire de conseil en la matière, reconnaît Clémence Bouvart, animatrice Écophyto des Hauts-de-France. En 2021, il n’y a eu aucun dépôt de candidature de Groupes 30 000 ! » Ce ralentissement n’est pas seulement dû à l’évolution du conseil en matière de pesticides. « Les Groupements d’intérêt économique et environnement, les GIEE, ont davantage mobilisé les agriculteurs, avec 19 projets déposés en 2021 contre 14 en 2020, poursuit-elle. Les taux d’aides sont, sur le papier, plus alléchants : ils peuvent atteindre 80 % de financement contre 50 % pour les Groupes 30 000. Les thèmes abordés sont également plus larges pour les GIEE qui traitent de la transition agroécologique avec une approche système. C’est davantage dans l’air du temps. De plus, il y a une réticence des agriculteurs à s’engager dans une diminution des indicateurs de fréquence de traitement, notamment sur les herbicides qui restent la grande difficulté sur notre secteur. »
Les réseaux Dephy pâtissent également de la séparation de la vente et du conseil. Si l’année 2022 marque le lancement des nouveaux réseaux Dephy fermes, au nombre de 7 sur la période 2022-2026, ils étaient dix sur l’ancienne période. Les sept réseaux regroupent 83 exploitations, contre 127 sur la période 2016-2021.
Communiquer différemment
La Chambre poursuit toutefois ses efforts sur Écophyto. Pour communiquer vers le plus grand nombre, elle a finalisé son nouveau blog. « Nous communiquons de manière générale sur la baisse des usages de pesticides, sur les évènements à venir, les appels à projets, explique Clémence Bouvart. Nous diffusons des interviews de collectif d’agriculteurs et d’animateurs. » Dans le contexte sanitaire actuel, la Chambre teste de nouveaux modes de communication, à l’instar de l’émission télévisée du 11 janvier 2022 sur la réduction des utilisations d’herbicides dans les Hauts-de-France. « Nous voulions faire une émission plutôt qu’un colloque pour toucher davantage de monde, poursuit-elle. Et ça a marché : nous avons eu 120 participants, mais plus de 5000 personnes ont visionné la vidéo. »
Si Clémence Bouvart est persuadée que le collectif reste primordial pour diffuser les informations, elle estime que la baisse des produits phytopharmaceutiques ne pourra se faire qu’au niveau de la filière. « Si nous réintroduisons de nouvelles cultures, cela pose des questions de filières », analyse l’animatrice Écophyto des Hauts-de-France.
Quant à la mise en place du conseil stratégique, la Chambre d’agriculture s’y prépare. « 2022 sera une phase de test pour être prêts pour 2023 », explique-t-elle.