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Elevage : un Space 2011 plus serein pour parler environnement

Le | Projets-territoriaux

La colère des agriculteurs de l’an dernier, qui avaient saccagé une partie d’un hall, était resté dans les mémoires. Sur fond de sécurité accrue, mais aussi de conjoncture plus favorable, la 25è édition du salon de l’élevage s’est tenue du 13 au 16 septembre à Rennes dans une ambiance plus détendue. Un contexte favorable pour parler environnement ? Assurément pour Bruno Le Maire. « Sur l’environnement, je vous confirme que là encore je suis têtu », a indiqué en ouverture du salon, le ministre de l’Agriculture face aux éleveurs présents. Expliquant qu’il n’y a pas d’autres direction possible pour l’agriculture, il a toutefois insisté sur le pragmatisme nécessaire dans les mesures environnementales et sur la nécessité d’harmoniser les règles dans tous les pays européens. Par ailleurs, les organisateurs du Space avait aussi décidé de dédier la plateforme recherche et développement à l’agriculture écologiquement intensive, vantant des pratiques plus respectueuses de l’environnement. La bioénergie et la santé animale ont aussi eu toute leur place au Space 2011. Reportage.

  • Les bonnes pratiques
La conférence sur l’agriculture écologiquement intensive, située sur la plateforme recherche et développement a rassemblé le 14 septembre un large public. Michel Griffon, initiateur du concept, a expliqué l’AEI version élevage. « C’est l’inspiration générale à revenir à des choses plus naturelles dans l’alimentation, comme l’association entre l’herbe, les légumineuses et les céréales, indique-t-il. Il faut aussi éviter le forçage des animaux qui introduit un déséquilibre physiologique. » Pour Hubert Garaud, président de la coopérative Terrena qui développe le concept d’AEI, il faut prendre un virage à 90 ° dans les pratiques agricoles. « La meilleure chose qui soit arrivée à l’Allemagne est un premier ministre vert, étaye-t-il. Il faut une rupture. » A la Confédération nationale de l’élevage, l’ambiance est studieuse. «  Les échanges sont bons, explique Caroline Godefroy, animatrice de la charte sur les bonnes pratiques d’élevage. Nous avons discuté avec une délégation marocaine intéressée pour transposer la charte dans leur pays, où le secteur de l’élevage est important. »
  • Santé animale : réduire les antibiotiques
Sur fond de réglementation visant à réduire de 25 % les antibiotiques à horizon 2016, la santé animale était au cœur des discussions. « C’est une des problématiques fortes de l’année 2011 », assure Etienne Zundel, adjoint au chef du département santé animale de l’Institut national de la recherche agronomique Inra, et en charge du nouvel institut Carnot en santé animal. Ouvert en avril 2011, il rassemble des acteurs privés et publiques. « La santé animale s’inscrit dans une approche intégrée : génétique, adaptation des animaux aux systèmes d’élevage, climat, résistance génétique aux maladies… », explique-t-il. Pour les groupements de défense sanitaire (GDS), la prévention prime. «  Oui, on peut baisser les antibiotiques, assure Jean-François Treguer, président du GDS du Finistère. L’éleveur doit intervenir dès qu’un cas est suspect, avoir le réflexe de surveiller les animaux et connaître les signes douteux. » Pour Olivier Fortineau, vétérinaire à Château-Giron (35), « arrêtons de dire qu’il y a trop de médicaments en élevage. L’éleveur a conscience qu’il faut réduire leur usage, notamment parce que cela lui coute de l’argent. » Les vétérinaires praticiens mettaient en avant le maillage dense dans la région. « Ainsi, en cas de maladies émergentes, la Bretagne est capable de mobiliser des vétérinaires. Il faut faire attention à la ré-émergence de maladies, comme ce qui se passe avec la tuberculose bovine en Bourgogne et en Dordogne. »
  • Energies renouvelables : le photovoltaïque s’essouffle
Réitérant l’expérience de 2010, les chambres d’agriculture, l’association Aile et l’Ademe organisaient un « point info énergie ». Le message fort : bien concevoir et mûrir son projet. Avec la revalorisation des tarifs d’électricité venant du biogaz, annoncé le 19 mai 2011, les agriculteurs sont plus nombreux à s’intéresser à la méthanisation, et de nouveaux projets émergent. « Le tarif de rachat est plus élevé pour les exploitants ayant des pratiques vertueuses, qui valorisent l’énergie et qui utilisent bien les effluents d’élevage », explique-t-on à l’association Aile. Reste un obstacle : s’assurer de la valorisation de la chaleur. Ce qui n’est pas toujours évident en milieu rural. La société Méthafrance confirme le développement du biogaz. « Grâce au plan de performance énergétique, nous avons 24 projets de méthanisation, se félicite son directeur. Les tarifs qui augmentent rentabilisent mieux les projets. » Ambiance plus morose sur le secteur du photovoltaïque. « Ce n’est pas une baisse du marché, c’est une chute, alerte Alain Remy-Zephir, directeur d’IEL. EDF a des retards de paiements et les exploitants doutent de l’engagement de l’Etat. Les conditions changent tous les trois mois, les tarifs de rachat vont encore être revus à la fin du mois. Ce n’est pas tenable pour des investissements à long terme. D’ailleurs, vous pouvez remarquer la diminution du nombre d’exposants dans ce secteur par rapport à l’an passé. » Photos : Stéphanie Ayrault