Engie Green met au point un système d’équivalences pour la compensation écologique
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Sommé de financer deux hectares de jachère pour chaque éolienne implantée dans les Ardennes, Engie Green s’est heurté à la réticence des agriculteurs locaux. L’opérateur a donc mis au point un système d’équivalence pour remplacer la jachères par d’autres infrastructures agroécologiques plus intéressantes pour les producteurs. Explications.
Le 6 octobre, Engie Green invitait à Houdilcourt, dans les Ardennes, ses partenaires dans le cadre d’un projet d’agroforesterie. Ce dernier trouve sa source au début des années 2000, quand l’opérateur imagine le futur parc éolien du Mont de la Grévière, à quelques kilomètres de là. Le principe de la compensation écologique s’applique, les huit éoliennes prévues étant susceptibles de générer une perte d’habitat pour l’avifaune environnante. La Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) de l’ex-Champagne-Ardennes impose alors la mise en place de deux hectares de jachère pour chaque éolienne.
Remplacer les jachères par d’autres infrastructures agroécologiques
Problème : « Nous nous imposons de mettre en place la compensation à moins de 30 km des éoliennes, or les agriculteurs locaux étaient peu enthousiastes pour les jachères, même moyennant finances », explique Cédric Barbary, responsable du pôle biodiversité chez Engie Green. Commence alors un travail pour mettre en place un système d'équivalence entre les jachères et d’autres infrastructures agroécologiques. L’expertise du Muséum national d’histoire naturelle est sollicitée, tout comme celle du Regroupement des naturalistes ardennais (Renard) et de l’Association française d’agroforesterie (Afaf), pour le suivi du projet.
Nouvelles perspectives pour la compensation écologique
Quatre types d’installations susceptibles d’intéresser les exploitations ont été étudiés (1). Verdict ? Selon l’outil, deux hectares de jachères sont donc équivalents à :
- 575 mètres linéaires de haies (ou d’agroforesterie),
- 320 ml de bandes enherbées,
- 14 bouchons, buissons comptant au moins six espèces notamment développés par l’association marnaise Symbiose,
- 360 ml de bandes tampon bouchon.
« Les services de l’État ont validé cette typologie en 2018, se félicite Cédric Barbary. Nous avons pu compenser les huit éoliennes sans installer 16 ha de jachères. » Autre bonne nouvelle, cet outil est valable partout dans la région, Engie Green est déjà en contact avec la Dreal pour de futurs projets. Mieux : l’outil est adaptable dans d’autres zones agricoles, en fonction des spécificités des écosystèmes. Une duplicabilité qui ouvre des perspectives intéressantes pour les futurs projets éoliens et photovoltaïques d’Engie Green, partout en France.
« Action pilote réussie », selon Engie Green
Pour ce qui concerne le parc éolien du Mont de la Grévière, il est totalement compensé sur une exploitation, chez Stéphane Brodeur, à Houdilcourt. Sur une de ses parcelles, Engie Green a financé environ 16 000 euros d’installation pour quelque 4668 mètres linéaires d’agroforesterie et près de 800 mètres de bandes enherbées. L’agriculteur perçoit 2900 € annuellement pour l’entretien de ces aménagements et ce, sur une durée de 10 ans. L’accord devrait être renouvelé par la suite, tout au long de la durée de vie du parc éolien.
Les premiers chantiers de plantation ont été lancés il y a sept ans, donc en amont de la mise en fonctionnement des éoliennes (en 2019), et même de la validation de la méthode d’équivalence. « Nous sommes sur une action pilote avec un suivi de la faune depuis cinq ans, conclut Cédric Barbary. L’objectif était de montrer que la compensation écologique eut prendre plusieurs formes. C’est une réussite. »
(1) Si la méthodolgie est confidentielle, elle s’appuie sur un article scientifique publié dès 2015 dans la revue Ecological engineering.