La Chambre d’agriculture du Grand Est s’attaque à la qualité de l’air
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Alors que le ministère de la Transition écologique a annoncé un renforcement de la surveillance des pesticides dans l’air, la Chambre d’agriculture du Grand Est a initié plusieurs programmes pour adapter les pratiques des exploitants vis-vis de la qualité de l’air. Des outils pour les conseillers sont en cours de construction. Explications avec Laetitia Prévost, responsable qualité de l’air de la structure, une des pionnières sur le sujet.
L’amélioration de la qualité de l’air devient une des priorités du Gouvernement : l’ex-ministre de la transition écologique, Elisabeth Borne, a annoncé un renforcement de la surveillance des pesticides, dont les modalités seront connus dans les prochains mois. La Chambre d’agriculture du Grand Est est une des premières à avoir initier des travaux sur l’impact des pratiques agricoles sur la qualité de l’air. Elle a lancé un projet, nommé Partage, à l’automne, doté d’un financement européen. Objectif : optimiser les itinéraires culturaux pour limiter les pertes d’azote et tendre vers des systèmes plus autonomes. Via des projets en cours de construction, la structure veut également bénéficier de données locales sur la volatilisation d’ammoniac afin de mieux sensibiliser les exploitants. « L’ammoniac est dans le viseur de la directive européenne Nec qui fixe les plafonds des émissions pour chaque Etat membre et par polluant pour l’horizon 2030 », justifie Laetitia Prévost, responsable qualité de l’air à la Chambre d’agriculture du Grand Est.
Les agriculteurs manquent de connaissance
La qualité de l’air fait partie des préoccupations de la structure depuis 2010 grâce à un partenariat constructif avec Atmo Grand Est. Depuis, des projets ont été menés, notamment avec l’Ademe. « Les agriculteurs se sentent concernés, mais ils n’ont pas toutes les connaissances sur ce sujet complexe », explique Laetitia Prévost. La Chambre a déjà élaboré des fiches techniques en 2018 pour permettre une entrée pratique pour les agriculteurs. Elle a également réalisé un travail sur le matériel d’application des engrais ainsi que sur les types d’engrais pour éviter les pertes. « L’ammonitrate est le moins volatil, mais son prix d’achat est le plus élevé et son usage peut nécessiter un changement de matériel, explique-t-elle. Les freins aujourd’hui sont d’ordre économique et de charge de travail. »
Des outils pour les conseillers
C’est pourquoi, avec le projet « Air Climat Sol Energie », lancé en 2017, l’ambition est de traiter les sujets environnementaux de manière plus globale pour trouver des synergies. « Tous les sujets sont liés, indique la responsable qualité de l’air. En réduisant les émissions de gaz à effet de serre par une optimisation des apports d’engrais, on joue aussi sur les pertes d’ammoniac et donc sur la qualité de l’air. Nous sommes en train de mettre au point des outils pour les conseillers afin qu’ils y voient plus clairs dans tous les leviers possibles et leurs bénéfices. »
Pesticides, des résultats à la fin de l’année
Quid de la pollution de l’air par les phytosanitaires ? « C’est un sujet encore peu documenté, explique-t-elle. Il n’y a pas de réglementation mais des mesures sont réalisées. Le Gouvernement veut renforcer leur surveillance. » Neuf chambres, sept associations de surveillance de la qualité de l’air, l’Inrae et neuf lycées agricoles ont lancé un projet « Casdar innovation et partenariat » dont les résultats vont être publiés en fin d’année. L’objectif est de mieux comprendre les mécanismes de transferts des pesticides dans l’air. « Nos premières observations montrent que la majorité des molécules appliquées ne se retrouvent pas dans l’air », indique Laetitia Prévost. Le groupe de travail planche sur des indicateurs. Des fiches techniques seront également réalisées d’ici à la fin de l’année.