Label bas-carbone, les financeurs privilégient l’image à la performance
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Deux ans après le lancement officiel du label dédié, la question de l’attrait des projets bas carbone pour les financeurs reste centrale. Alors que la validation de la méthode pour les grandes cultures est toujours attendue, un webinaire organisé le 22 juin par Pluriagri, a permis de souligner le manque de financeurs et citer des moyens de les attirer davantage.
Si elle se fait toujours attendre, la validation de la méthode bas carbone pour les grandes cultures continue d’animer de nombreux échanges. Après un premier webinaire organisé sur le thème de la rémunération des services environnementaux, l’association Pluriagri a consacré, le 22 juin, un deuxième événement davantage orienté sur l’enjeu du financement. « La performance, c’est à dire stocker un maximum de carbone à l’hectare, n’est pas le critère le plus recherché, prévient Olivier Gleizes, expert carbone au Centre national de la propriété forestière, CNPF, qui revenait sur l’expérience de la filière bois, où le label est déjà disponible. Les co-bénéfices et l’envie de raconter une belle histoire le sont davantage. » La temporalité de la réduction des émissions et l’aspect local des projets seraient également, selon lui, en tête des considérations.
Le label bas carbone, pas une solution miracle
Une démarche pour laquelle les attentes peuvent parfois être démesurées. « De nombreux acteurs voient ce label comme une solution à tous les problèmes environnementaux, mais c’est impossible, les co-bénéfices ne vont pas tout régler », insiste Nicolas Ferrière, cofondateur de la startup carbonapp, qui met en relation les porteurs de projet bas carbone et des organisations souhaitant compenser leurs émissions. Il faut déployer davantage de pédagogie envers les financeurs, pour qu’ils connaissent mieux les différents outils à leur disposition. » Mais pas uniquement.
Des financeurs pas encore assez nombreux
« Il n’y a actuellement pas assez de financeurs privés pour pouvoir capter assez valeur ajoutée », plaide Guillaume Chartier de Terres Univia. Avec le groupe de travail qu’il préside sur les Paiements pour services environnementaux (PSE), il a réalisé un guide d’information, diffusé fin 2020.
La question de la fixation du prix
Le label ne manque néanmoins pas d’atouts. « L’encadrement par l’Etat rassure, tout comme l’absence de marché secondaire, qui prévient toute spéculation », poursuit Olivier Gleizes. Il rappelle que le label est nouveau, et repose sur des démarches volontaires. La fixation du prix pourra néanmoins être une question complexe dans le secteur agricole, prévient Nicolas Ferrière. « Le prix dépend de chaque projet et de son coût de revient, et dans le secteur agricole, de nombreux leviers différents peuvent être mobilisés. »