Référence agro

Le label bas-carbone pousse en élevage, bientôt en grandes cultures

Le | Projets-territoriaux

Si les filières d’élevage ont été pionnières dans le Label bas-carbone, à l’image de la coopérative Sodiaal, les productions végétales suivent de près. D’ici à la fin de l’année, une méthodologie dédiée devrait être validée par l’Ademe, avec pour objectif d’engager les premières fermes dès 2021.

Crédit photo : Chambre agriculture de Normandie - © D.R.
Crédit photo : Chambre agriculture de Normandie - © D.R.

Lancé au printemps 2019 par le Gouvernement, le label bas-carbone est un levier pour atteindre les objectifs fixés par la stratégie nationale bas carbone. Les filières d’élevage ont été les premières à se l’approprier, avec la méthodologie Carbon Agri, validée par l’Ademe fin 2019. La coopérative Sodiaal l’a déjà mis en place. « Chez Sodiaal, 95 éleveurs se sont engagés dans le Label bas-carbone sur les 391 à l’échelle nationale », souligne Solène Franque, responsable RSE amont chez Sodiaal (ci-contre), à l’occasion d’un atelier sur le stockage du carbone au salon Produrable à Paris le 7 septembre. La coopérative prend en charge tous les montants liés à la mise en place du label chez l’éleveur, comme les suivis et les diagnostics réalisés par les conseillers. « Cela représente en moyenne 2500 € par éleveur », explique la responsable. Ce montant n’inclut toutefois pas les investissements entrepris par l’agriculteur pour réduire ses émissions, comme l’adaptation de bâtiment ou l’achat de matériel. Pour dresser l’état des lieux des émissions de ses fermes, Sodiaal a déjà déployé 1500 diagnostics Cap’2’ER. « Nous visons 1000 diagnostics supplémentaires pour 2021. Nous avons déjà recueilli 500 candidatures depuis juin 2020 », indique Solène Franque.

Le label bas-carbone pousse en élevage, bientôt en grandes cultures - © D.R.
Le label bas-carbone pousse en élevage, bientôt en grandes cultures - © D.R.

Une méthodologie pour les grandes cultures d’ici à la fin de l’année

Pour décliner l’approche existante aux production végétales, l’AGPB, la Fop, la CGB et l’AGPM ont formé un consortium afin de bâtir une méthodologie commune. « La méthodologie qui sera déployée sera déposée le mois prochain, avec l’espoir que la première exploitation soit reconnue début 2021 pour vendre les premières tonnes de carbone », explique Eric Thirouin, président de l’AGPB, lors d’une conférence de presse le 8 septembre. « D’ici à la fin de l’année, la méthode Act (Assessing low Carbon Transition) de l’Ademe sera déclinée à l’agriculture », explique Damien Huet, délégué général de l’Association bas carbone, lors du salon Produrable. Cette initiative sert à évaluer les stratégies climat des entreprises, quelques soient leur taille ou leurs marchés. Elle fournit des méthodes pour évaluer l’alignement de la stratégie d’une entreprise par rapport à une trajectoire de décarbonation adaptée à ses activités au regard de son secteur.

Dégager une meilleure valorisation économique

A ce jour, l’un des freins au développement du label bas-carbone est la valorisation économique. « Sur le marché volontaire du carbone, le prix de la tonne tourne autour de cinq à dix euros. L’objectif est d’atteindre environ 30 €/t en France, en sensibilisant et en incitant les collectivités et les entreprises à acheter des tonnes sur le marché français. Certes, c’est un coût en plus, mais elles pourraient faire un mix, en achetant aussi sur le marché international », explique Solène Franque. Ce constat est partagé par Sébastien Windsor : « Le marché du carbone n’est pas encore valorisé. Sur une ferme, un agriculteur peut espérer gagner quelques centaines d’euros, au mieux quelques milliers, mais ce n’est pas assez. Notre ambition est de réussir à faire valoriser ces compensations carbone vertueuses (ndlr : celles issues de l’agriculture française) à une valeur plus élevée. »

Le Label bas-carbone, un parcours en cinq ans

  • Première année : Etat des lieux
  • Troisième année : Constat de mi-parcours
  • Cinquième année : Nouvel état des lieux et calcul du gain carbone
  • Perte du label si aucune réduction d’émissions n’est mesurée au bout de cinq ans