Le projet de méthanisation XL de la Coopérative d’Herbauges en question
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L’unité de méthanisation de la Coopérative d’Herbauges (Loire-Atlantique) verra-t-elle le jour dans la version espérée par les 210 agriculteurs impliqués ? La réponse reste floue, un mois après l’avis défavorable livré par le Département, inquiet de la hausse du trafic générée par le projet. Le président de la coopérative, Guillaume Voineau, se veut ouvert au débat et prêt à revoir sa copie, mais à condition que le modèle économique ne soit pas remis en cause.
La Coopérative d’Herbauges collecte chaque année 75 millions de litres de lait auprès de ses 425 adhérents. « Nous avons commencé à sensibiliser les adhérents à la méthanisation il y a 7 ou 8 ans, explique le président de la coopérative, Guillaume Voineau. En 2017, constatant que peu d’installations individuelles s’étaient développées, nous avons proposé un modèle collectif. » C’est ce projet qui est aujourd’hui au cœur de la polémique, suscitant notamment un avis défavorable du Département Loire-Atlantique, émis le 5 novembre. Motif invoqué ? L’augmentation du trafic de poids lourds sur la D65, et « près de 200 passages de camions par jour » alors que « les routes ne permettent de supporter une telle hausse du trafic », affirme le Département.
Un projet déjà revu à la baisse
Cette hausse du trafic tient au grand nombre d’exploitations impliquées pour alimenter le futur méthaniseur. Au moment de construire son modèle, la coopérative a en effet ouvert la porte à tous les agriculteurs, adhérents ou non, dans un rayon de 25 km autour du siège de la coopérative, à Corcoué, en Loire-Atlantique. Près de 250 exploitants se sont dits intéressés. « Avec la »petite métha« , les agriculteurs changent très souvent de modèle d’exploitation pour s’adapter à leur nouvel outil, souligne Guillaume Voineau. Nous avons le projet inverse, avec une unité adaptée à tous : petites et grandes fermes, bio ou conventionnel, et tous types de gisements. » Avec Nature Energy, spécialiste de ce type de modèle au Danemark notamment, la coopérative revoit les contours du projet après une première consultation publique, drainant déjà des contestations. « Nous sommes descendus à 210 agriculteurs, pour 480 000 tonnes de gisements annuels au lieu de 680 000, dont 20 % de Cive », rapporte Guillaume Voineau.
C’est cette version du projet qui fait l’objet d’un permis de construire déposé au printemps 2021. En parallèle, la coopérative a sollicité la Commission nationale du débat public (CNDP) afin de lancer une nouvelle concertation. Dans ce cadre, des ateliers ouverts à tous les publics sont organisés, le premier s’est tenu le 7 décembre. Un exercice qui prend forcément une tournure plus polémique que prévu avec l’avis défavorable du Département.
La Coopérative d’Herbauges prête à scinder le projet
La coopérative veut toutefois rester ouverte au débat, mais demande un cadre plus clair. « La Loire-Atlantique ne précise pas le nombre de camions maximum que peut supporter la route, illustre Guillaume Voineau. Nous sommes près à scinder le projet en deux ou trois sites au lieu d’un, mais quel élu acceptera d’accueillir les cuves supplémentaires ? » La situation semble bloquée, entre un département qui attend que les porteurs de projet revoient leur copie, et ces derniers qui attendent d’être aiguillés plus clairement. Avec une ligne blanche à ne pas dépasser : « Dans sa version actuelle, le projet rapporte l’équivalent de 1,5 Smic en moyenne aux exploitants impliqués, rappelle Guillaume Voineau. Nous sommes prêts à nous adapter à toute proposition qui respecte ce cadre. »
Dans ce contexte incertain, la coopérative est déterminée à poursuivre l’instruction de son dossier. La concertation actuelle se termine fin décembre. Une enquête publique suivra, au plus tard le 15 janvier, sur un mois et demi. C’est ensuite au préfet que reviendra le dernier mot, l’avis défavorable du Département n’étant que consultatif, et donc pas bloquant. « L’objectif, en Loire-Atlantique, est de consommer 25 % d’énergie durable. Le Département a besoin de ce type de projet pour y arriver. Si le verdict est négatif, il faudra une justification solide, et une contre-proposition acceptable », conclut Guillaume Voineau. À cette heure, l’objectif reste de commencer à injecter le biogaz dans le réseau à partir de début 2023.