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Cive et méthanisation, un essor et des pistes de travail à creuser

Le | Recherche-developpement

La méthanisation est en plein essor, et avec elle la question de l’approvisionnement des cuves. Les cultures intermédiaires à vocation énergétique se développent, mais restent assez jeunes dans les assolements. L’Acta et Agreenium proposaient un état des lieux des connaissances à ce sujet, début novembre.

Crédit Arvalis - © D.R.
Crédit Arvalis - © D.R.

Au sein de la filière méthanisation, les Cive, ou culture intermédiaires à vocation énergétique, prennent de l’épaisseur. En 2020, l’Ademe les plaçait même comme principal intrant des méthaniseurs « à la ferme », avec plus de 35 % du mix, sur 643 projets analysés. Un essor qui reste à accompagner techniquement. Un webinaire organisé par l’Acta et Agreenium, le 9 novembre, proposait un état des lieux, tout en ciblant les axes de travail encore à creuser. « Globalement, le contexte est favorable, entre l’essor de la filière méthanisation en France et l’évolution climatique, qui laisse envisager des perspectives intéressantes pour un cycle de trois cultures par an, soit une Cive entre deux cultures alimentaires », resitue Philippe Prévost, qui animait l’évènement pour Agreenium.

Mieux connaître le potentiel méthanogène des Cive

Sylvain Marsac, en charge des services environnementaux chez Arvalis, explique qu'une batterie de recommandations techniques commence à émerger, même si certains paramètres restent à affiner. « Pour les Cive d’hiver, les règles de calcul concernant la fertilisation sont encore en cours, mais on se situe autour de 80 kg d’azote par hectare en moyenne. Si l’intérêt du digestat est validé, les bonnes pratiques d’épandage sont à confirmer, illustre-t-il. Pour les Cive d’été, les choix doivent être pilotés principalement en fonction des risques de stress hydrique. » Selon lui, si l’aspect strictement agronomique est de plus en plus maîtrisé, des travaux restent aussi à mener pour mieux caractériser le potentiel méthanogène de chaque type de Cive.

Une approche régionalisée à approfondir

De son côté, Hugo Kech, chargé d’étude pour l’Association d’initiatives locales pour l’énergie et l’environnement (Aile), propose une approche plus territorialisée. « La filière méthanisation reste relativement jeune, et les sources de données sont hétérogènes d’une région à l’autre, note-t-il. Des tendances se dégagent malgré tout. La prise de l’élevage, localement, influence la quantité de Cive dans le mix : en 2020, elles représentaient 6,7 % en Auvergne-Rhône-Alpes, contre 47 % en Île-de-France. » De fait, les préconisations régionalisées, qui commencent elles aussi à voir le jour, doivent encore être affinées.

Le champ de recherche « Cive » reste donc à approfondir. Pour ce faire, la France devra avant tout compter sur elle-même, selon Sylvain Marsac. « La littérature scientifique s’étoffe relativement peu à l’étranger, explique-t-il. Les Cive sont moins dans l’actualité dans les autres grands pays méthaniseurs, où les filières se sont construites différemment, capitalisant sur d’autres gisements. »