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Les Cive montent en puissance pour alimenter les méthaniseurs français

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Dans la cuve des méthaniseurs, les végétaux d’origine agricole sont majoritairement des cultures intermédiaires à vocation énergétique, Cive. Les cultures principales comme le maïs restent en retrait, limitant la concurrence avec le débouché alimentaire. Cette tendance ressort d’un webinaire organisé le 7 septembre par Solagro.

Les Cive montent en puissance pour alimenter les méthaniseurs français
Les Cive montent en puissance pour alimenter les méthaniseurs français

L’une des questions récurrentes, concernant la filière méthanisation, touche à la place des cultures dans les cuves, et à la crainte de voir des productions perdre leur vocation alimentaire au profit de la fabrication d’énergie. L’association Solagro organisait, ce 7 septembre 2021, un webinaire pour aborder le sujet. L’occasion d’un rappel : la réglementation limite à 15 % la part de culture principale dans la « ration » d’un méthaniseur. Un plafond rarement atteint.

En Bretagne, 6 à 7 % de maïs dans les cuves

Une enquête menée par la Dreal de Bretagne en 2019 établit que ces cultures, essentiellement le maïs, représentent 6 à 7 % du volume de biomasse dans les cuves des 81 unités investiguées. « Les quelque 15 % de végétaux d’origine agricole utilisés par les méthaniseurs bretons sont principalement des cultures intermédiaires à vocation énergétique, Cive, commente Armelle Damario, responsable du secteur biogaz de l’Association d’initiatives locales pour l’énergie et l’environnement. On compte en moyenne 38 ha de ces Cive pour une unité en Bretagne. »

Les Cive ont le vent en poupe

Jérémie Priarollo, qui gère le dossier méthanisation chez Solagro, confirme que parmi les projets accompagnés par l’association, les cultures principales sont peu utilisées. « Jusqu’à fin 2020, une prime incitait à utiliser des intrants agricoles, dont les Cive, mais pas les cultures principales », rappelle-t-il. Cette prime ne concerne, désormais, plus que les déjections animales. De quoi craindre un recours croissant aux cultures principales ? Les premières tendances ne vont pas dans cette direction. « Avant 2020, elles représentaient moins de 5 % du mix du Grand-Est, rappelle Yves Le Roux, professeur à l’Ensaia, école d’agro de Nancy. Sur les unités qui ont vu le jour depuis 2020, ce chiffre est monté à 27 % en moyenne. » Petite nuance, toutefois : les effets de l’évolution de cette prime ne se font pas forcément encore sentir dans la pratique.

Le maïs alimentaire mieux valorisé que le maïs énergie

Les intervenants expliquent, enfin, que la valorisation économique d’un maïs par la production de biogaz est moins avantageuse que le débouché alimentaire, à plus forte raison dans les zones où le maïs est irrigué, ce qui augmente encore son coût de production. Comment expliquer, alors, la présence de ces 6 à 7 % de maïs dans les cuves bretonnes ? « L’intérêt est parfois plus systémique, selon Jérémy Priarollo. Dans une rotation longue, la présence d’un maïs peut contribuer à la diversification des cultures, avec des atouts agronomiques. Les exploitants peuvent alors juger opportun de méthaniser ce maïs, en particulier quand d’autres gisements font défaut. »

La gestion des végétaux agricoles, qu’il s’agisse de Cive ou de culture dédiée comme le maïs, pourrait faire partie des thématiques couvertes pour le futur contrat « progrès méthanisation », que sept partenaires de la filière ont présenté, lors du salon Expobiogaz. Solagro est soutien technique de ce futur contrat.