Les surfaces agricoles irrigables en augmentation de 23 % entre 2010 et 2020
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Changement climatique oblige, la question de l’eau apparaît de plus en plus centrale dans le secteur agricole. Une étude du ministère de la Transition écologique, publiée le 15 février 2024, dévoile que les prélèvements pour l’irrigation ont augmenté de 13 % entre 2010 et 2020. Le nombre de surfaces irrigables, en hausse de 23 %, tend à démontrer que les agriculteurs préviennent le risque d’un manque dans les années à venir.
3,4 milliards de m³. C’est le volume d’eau douce prélevé en 2020 par le secteur agricole et utilisé, à 92 %, pour l’irrigation des cultures. Ces premiers chiffres sont rapportés dans l’étude « L’irrigation des surfaces agricoles : évolution entre 2010 et 2020 » , dévoilée le 15 février 2024 par le ministère de la Transition écologique, comparant l’utilisation en eau par le secteur entre les deux années charnières. Au plus bas de la décennie, en 2014 (« une année chaude […] mais pluvieuse », précise l’étude), l’irrigation agricole a concerné 2,1 milliards de m³ d’eau, avec une augmentation continue depuis 2017. « En 2020, les prélèvements pour l’irrigation sont supérieurs de 13 % à ceux observés en 2010 », décrit ainsi le ministère.
Le maïs en tête des cultures les plus irriguées
Ces prélèvements ont permis l’irrigation d'1,8 million d’ha en 2020, soit 6,8 % de la surface agricole utile (SAU). Elles ont concerné, en premier lieu, les cultures de maïs (38 %), suivies du blé (12 %) et les légumes frais, fraises et melons (9 %). « Alors que les surfaces irriguées totales progressent de 15 %, la quantité moyenne d’eau prélevée par hectare irrigué baisse légèrement : elle passe de 1 920 m³/ha irrigué en 2010 à 1 900 m³/ha irrigué en 2020 (- 1 %) », fait toutefois remarquer l’étude. Celle-ci laisse entrevoir de fortes disparités entre les départements de France métropolitaine, de 40 m³ d’eau par hectare irrigué en Meurthe-et-Moselle, à 9 700 m³ dans les Pyrénées-Orientales.
Autre variation notable : celle des surfaces irrigables, autrement dit celles munies d’un système d’irrigation. Elles sont en augmentation de 23 % entre 2010 et 2020 pour concerner, à la fin de la décennie, pas moins de 2,8 millions d’ha (11 % de la SAU). « L’évolution des conditions climatiques a conduit les agriculteurs à s’équiper davantage », justifient les auteurs. Là encore, les dynamiques diffèrent selon les régions : si le Sud-Ouest, le Sud-Est, le Centre et l’Alsace sont les territoires où la part de la surface irrigable est la plus élevée en 2020, la progression la plus forte sur les dix années précédentes est à mettre au crédit de la Somme : + 66 %, soit 38 000 ha supplémentaires.
Les cultures viticoles en forte progression
Avec près de la moitié de leurs surfaces irrigables en 2020, les exploitations spécialisées en maraîchage et horticulture (+ 10 % par rapport à 2010), ainsi qu’en cultures fruitières et autres cultures permanentes (+ 7 %), sont celles dont la part de surfaces irrigables est la plus élevée. Les exploitations spécialisées en cultures viticoles connaissent également une forte progression, passant de 6 % en 2010 à 10 % en 2020. Les exploitations spécialisées en grandes cultures représentent, quant à elles, la plus grande surface irrigable : plus de 1,6 million d’hectares, en augmentation de 18 % par rapport à 2010. C’est en partie pour baisser cette pression croissante sur la ressource en eau qu'un décret publié fin 2023 au Journal officiel prévoit la réutilisation des eaux usées pour l’irrigation agricole.