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Méthanisation, l’AAMF ambitionne le développement de 500 stations de bioGNV d’ici à 2025

Le | Projets-territoriaux

La production de bioGNV à base de biogaz est un débouché encore modeste pour la méthanisation agricole. Ce carburant alternatif pourrait toutefois profiter de l’essor de la filière. L’Association des agriculteurs méthaniseurs de France (AAMF) espère ainsi accompagner la sortie de terre de 500 stations d’ici à 2025, contre une poignée aujourd’hui.

Une des stations de bioGNV pionnières en France.  - © D.R.
Une des stations de bioGNV pionnières en France. - © D.R.

Le rapport de la mission d’information du Sénat sur la méthanisation, publié le 5 octobre, identifie le bioGNV, ce carburant à base de gaz produit dans les méthaniseurs, comme un débouché d’avenir. Les auteurs du document y voient un moyen de réduire la dépendance aux énergies fossiles dans les transports. Un point de vue partagé par l’Association des agriculteurs méthaniseurs de France (AAMF). Lors de son assemblée générale, le 29 septembre, la structure s’est fixé l’ambition de mettre en place 500 stations-services, adossées à son réseau d’adhérents.

« Modèle d’économie circulaire », selon l’AAMF

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Méthanisation, l’AAMF ambitionne le développement de 500 stations de bioGNV d’ici à 2025 - © D.R.
Méthanisation, l’AAMF ambitionne le développement de 500 stations de bioGNV d’ici à 2025 - © D.R.

Bertrand Guérin, référent bioGNV à l’AAMF.[/caption]

Si ces stations agricoles se comptent aujourd’hui sur les doigts de deux mains (voir encadré), elles constituent un éventail varié des différents cas de figure possibles, de quoi imaginer un catalogue adapté à différentes situations. Ces installations nécessitent des investissements de 60 000 € pour les modèles en autoconsommation, et jusqu’à un million d’euros pour les stations placées sur le réseau public. « Mais elles ont un dénominateur commun : elles sont très ancrées dans leur territoire ! souligne Bertrand Guérin, référent bioGNV de l’association. C’est une énergie produite localement et utilisée par des acteurs locaux, un modèle d’économie circulaire ! » L’AAMF entend accompagner ses adhérents intéressés dans la conception des projets, la recherche de financements et la concertation avec les acteurs locaux.

Stimuler les détenteurs de flottes…

Ce cap des 500 stations a été défini à la suite d’une enquête d’intention réalisée dans le réseau AAMF, en prenant en compte la dynamique de croissance du nombre de méthaniseurs agricoles en France à horizon 2025, estimé à près de 2000 unités. Cette annonce est aussi un moyen de bousculer les possibles parties prenantes de la filière bioGNV, selon Bertrand Guérin. En particulier, les entreprises détenant des flottes de véhicules. « Les premiers concernés pourraient être les entreprises évoluant en milieu rural et entourant l’activité de production agricole comme les collecteurs laitiers qui ont un lien direct avec les éleveurs méthaniseurs », illustre-t-il. L’AAMF est en contact avec GRDF, l’Ademe et l’Association française du gaz naturel véhicule (AFGNV) pour mener un lobby auprès des prescripteurs utilisateurs de véhicules à grosse motorisation tels que l’Association des Régions de France, dont les membres gèrent le transport de voyageurs en bus (scolaires et lignes bus), ou La Coopération agricole, très utilisatrices de camions.

…et les constructeurs !

Avec cette annonce, l’AAMF entend aussi stimuler, indirectement, les constructeurs concevant les stations de GNV, pour les adapter aux spécificités et dimensions des stations de bioGNV adossées aux méthaniseurs agricoles. Bien qu’en fort développement, le GNV reste un secteur émergeant, puisqu’à l’heure actuelle, il n’existe en France que 200 stations délivrant ce carburant. Les constructeurs de véhicules utilitaires et de matériel agricole sont aussi ciblés. « Il y a quelque chose de séduisant à imaginer un tracteur ou un chargeur télescopique, alimentés avec le biogaz produit sur la ferme, s’enthousiasme Bertrand Guérin. Mais à l’heure actuelle, à part New Holland qui commercialise depuis 2021 un tracteur 100 % biométhane et prochainement Valtra, peu de constructeurs s’y sont penchés. » À ce stade, l’AAMF accompagne déjà 24 porteurs de projets, en lien avec sept constructeurs.

L’AAMF s’appuie sur ses pionniers

« Nous comptons beaucoup d’innovateurs dans nos rangs, affirme Bertrand Guérin, référent bioGNV de l’AAMF. Des pionniers ont pris de l’avance, avec plusieurs profils. En Vendée, une station publique adossée à un méthaniseur est opérationnelle depuis 2017 et alimente les flottes professionnelles locales. Nous avons également des cas de stations associées à des méthaniseurs agricoles mais placées sur le réseau à plusieurs kilomètres. En Territoire de Belfort et en Ille-et-Vilaine, des agriculteurs méthaniseurs utilisent une fraction du biométhane produit avant injection dans le réseau, pour produire du bioGNV dédié aux usages de leurs fermes. En Haute Marne, un agriculteur méthaniseur en cogénération a installé un module qui épure le biogaz en excès pour alimenter le camion du laitier, un bus de ramassage scolaire, etc. »