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Négoce Nord-Est affiche son ambition d’être « le premier partenaire de la bioéconomie »

Le | Projets-territoriaux

Le 28 avril à Reims, les adhérents de Négoce Nord-Est, réunis en congrès, ont choisi d’aborder le thème de la bioéconomie et l’intérêt de ce débouché pour les négoces agricoles. Pour les participants, le potentiel est là, avec un paramètre incontournable : la rentabilité économique.

Jean-Claude Coisnon, dirigeant du négoce Coisnon, Élodie Colin Petit, directrice du développement co - © D.R.
Jean-Claude Coisnon, dirigeant du négoce Coisnon, Élodie Colin Petit, directrice du développement co - © D.R.

Jean-Jacques Vaesken en est persuadé : les négoces agricoles ont vocation à devenir « le premier partenaire de la bioéconomie ». Il l’a affirmé le 28 avril lors du congrès annuel de Négoce Nord-Est, qu’il préside. L’événement avait lieu à Reims, dans un territoire particulièrement concerné, la Région Grand Est revendiquant un rôle de leader en matière de bioéconomie. «  C’est un sujet brûlant, glisse-t-il à Référence agro en marge des débats. Un négoce qui a une idée de valorisation a besoin des clés d’entrée, de savoir se faire aider pour aboutir à quelque chose de concret. »

« Pas de bioéconomie sans commerce »

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Négoce Nord-Est affiche son ambition d’être « le premier partenaire de la bioéconomie » - © D.R.
Négoce Nord-Est affiche son ambition d’être « le premier partenaire de la bioéconomie » - © D.R.

Mouhamed Niakaté, directeur innovation et développement durable du pôle B4C (anciennement pôle IAR), et Anne Desveronnières, vice-présidente du Grand Reims, ont présenté le riche écosystème de la bioéconomie dans le Grand Est.[/caption]

L’objectif était donc d’informer et sensibiliser les 64 adhérents de Négoce Nord-Est à la bioéconomie. Celle-ci a été présentée dans toutes ses dimensions. Biocarburants, bioénergies, plastiques, cosmétiques mais aussi méthanisation ou biointrants… des représentants du Grand-Reims et du pôle B4C ont proposé un catalogue des filières déjà existantes localement. Les débats ont toutefois rapidement pris une tournure très économique.

« En tant que directrice du développement commercial, la seule chose qui m’intéresse, c’est l’argent », a lancé, provocatrice, Élodie Colin-Petit, qui occupe ce poste chez Malteries Soufflet. Jean-Marc Callois, délégué ministériel aux entreprises agroalimentaires au ministère de l’Agriculture, le formule autrement : « Sans commerce, il n’y a pas de bioéconomie. » Pour autant, personne n’est exclu de cette famille de débouchés. « La bioéconomie n’est pas réservée aux grands groupes, insiste Élodie Colin-Petit. Des petites structures ont une agilité que Malteries Soufflet ne peut pas envisager, notamment pour des débouchés de niche. »

Équation économique et logistique

Clément Deleye, directeur commercial du négoce Vaesken, fait le lien entre économie et logistique : « Nous avons pensé à des projets comme le séchage des céréales grâce au biogaz issu de la méthanisation. Mais ce n’est pas forcément rentable économiquement et il y a plusieurs freins techniques comme la taille des silos, davantage pensés pour l’export que pour des débouchés très spécifiques. »

Ces équations techniques et économiques expliquent, de fait, que certains ne se soient pas encore lancés. « Aujourd’hui, notre négoce commercialise 85 à 90 % de ses céréales à l’export, où elles sont bien valorisées, pose Cyril Duriez, président de Duriez et fils. L’équilibre actuel nous permet de prendre notre temps. Mais nous pensons que la bioéconomie, c’est l’avenir. » Selon lui, les négoces sont aussi en interaction avec leur territoire sur ce dossier : « Le Grand Est bénéficie d’un écosystème bien établi pour la bioéconomie. De notre côté, nous sommes implantés au pied du port de Dunkerque, un atout pour l’export. »

Le bas carbone, une autre forme de bioéconomie

Autre idée, régulièrement évoquée par les adhérents de Négoce Nord-Est : les formes très diverses que peut prendre la bioéconomie la rendent accessible sans avoir à construire une bioraffinerie. Le bas carbone est ainsi revenu dans la bouche de plusieurs participants. Responsable du service céréales pour le Groupe Carré, Jean Denay est de ceux-là : « Notre projet d’agriculture régénératrice avec Nestlé entre dans cette catégorie, affirme-t-il. Les agriculteurs sont très favorables, trouver d’autres clients intéressés permettraient de développer plus de surfaces. » Un débouché accessible aux OS plus modestes. «  Nous lançons un colza bas carbone. Cela demande un stockage et une traçabilité spécifique, nous serons prêts pour la récolte 2023 », conclut Louis Herbillon, ingénieur commercial du négoce Ygrains.

Par Virginie Montmartin et Éloi Pailloux