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Le projet LabPSE à l’heure des conclusions

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Trois ans après le lancement de l’expérimentation, le projet LabPSE a été clôturé par les porteurs de l’initiative, Inrae et Trame, le 10 mars. Des projets se sont construits dans les quatre sites pilote, mais aucun PSE n’a encore été signé. Un guide méthodologique est prévu pour cet été.

De droite à gauche : Sandra Delaunay (animatrice, Trame), Daniel Caugant (Crédit Mutuel Bretagne Ark - © D.R.
De droite à gauche : Sandra Delaunay (animatrice, Trame), Daniel Caugant (Crédit Mutuel Bretagne Ark - © D.R.

Doté d’un budget d’un million d’euros et lancé en 2019 sur quatre sites pilotes*, le projet LabPSE a été officiellement clôturé le 10 mars, lors d’un séminaire dédié. « L’objectif était de travailler sur la valorisation des externalités positives de l’agriculture, rappelle Hélène Paillard, cheffe du projet chez Trame, porteur de LabPSE avec Inrae. Le but était notamment de faire émerger des offres de paiements pour services environnementaux en s’appuyant sur des collectifs locaux d’agriculteurs. » Pour cela, des diagnostics initiaux ont été réalisés chez les exploitants, et des indicateurs de suivi ont été définis.

Protocoles et cahier des charges

Sur le terrain, comme les porteurs du projet s’y étaient engagés, les travaux menés ont permis à la quinzaine d’agriculteurs volontaires mobilisés (un à six par territoire) de structurer leur offre. Sur le site de Brest-Mont d’Arrée, où un éleveur ovin était volontaire, un protocole permettant d’évaluer la biodiversité des prairies éco-pâturées a été mis en place. Dans la Haute-Rance, territoire à fort enjeu sur l’eau potable, un diagnostic zone humide a été créé. Du côté de la Vallée de la Seiche, les travaux se sont focalisés sur la construction d’une offre de services autour de la haie. Enfin, en Sud-Mayenne, un large panel d’acteurs a été associé à la démarche. «  Il y a eu une vraie coopération territoriale, une co-construction avec les citoyens, qui a abouti à une offre de services environnementaux basée sur un cahier des charges, une méthode de calcul des prix », indique Sandra Delaunay, animatrice des territoires d’expérimentation du LabPSE chez Trame. Huit indicateurs ont été définis (sols, rotation, couverture, zones humides, bocage, autonomie alimentaire de l’exploitation, etc.).

Définition du consentement à recevoir

En ce qui concerne les autres objectifs de l’expérimentation, à savoir faire converger l’offre et la demande, ou accompagner la signature des contrats, l’avancement est moindre. « Le processus de négociation sur les prix de PSE n’a pas encore eu lieu, explique Sandra Delaunay. Les réflexions ont plutôt eu lieu en interne, avec les agriculteurs, pour définir la valeur de ce qu’ils proposent, autrement dit le consentement à recevoir. » Une position précisée par Bertille Thareau, sociologue et en charge de la Chaire mutations agricoles à l’Esa d’Angers. « L’idée était de prendre le contre-pied des contrats de filière et permettre aux agriculteurs de reprendre la main, de participer à la définition des choses. »

Crédibiliser les liens entre pratiques et services rendus

Des bases nécessaires à la poursuite des projets. « Les PSE ne concernent pas que les agriculteurs, ils doivent répondre au besoin d’un financement, le lien entre les services rendus et les pratiques doit être crédible », explique Caroline Leroux, sociologue à l’Esa d’Angers. Cette dernière insiste sur la nécessité de faire se rencontrer agriculteurs et financeurs. « Les exploitants connaissent souvent assez mal les autres acteurs du territoire, en particulier les acheteurs et les collectivités, ce qui peut générer de la défiance. » Pour Daniel Caugant, responsable du marché de l’agriculture au Crédit Mutuel Bretagne Arkéa, l’enjeu est aussi celui du reporting.

Si la recherche de financements privés demeure centrale, pour les exploitants, une chose est sûre : les PSE doivent être des bonus. « Ces paiements ne doivent pas être des financements structurants de nos fermes, nos revenus principaux doivent rester ceux tirés de notre activité », plaide Aurélien Leray, engagé dans le projet « Carabes et Canopée » (Vallée de la Seiche).

Un guiche méthodologique avant l’été

Dernière ambition du projet : diffuser les enseignements de l’expérimentation, réalisée sur le modèle de la recherche-action. « Notre ambition est de produire un guide méthodologique, qui sera publié dans les prochains mois, à destination des collectifs d’agriculteurs intéressés par la mise en place d’un dispositif PSE, et leurs accompagnants », indique ainsi Bertille Thareau. Parmi les leçons à retenir, selon la sociologue : être conscient du temps demandé, l’importance de mobiliser les agriculteurs, « chevilles ouvrières » d’une telle initiative, composer un vrai collectif, et mobiliser les parties prenantes dans le temps.  «  Ici, nous sommes à trois ans de projet et il n’est pas complètement fini. » Une réunion est ainsi prévue début avril, pour écrire le cahier des charges, les statuts et la gouvernance du projet « Carabes et canopées ».

*Brest-Mont d’arrée (Finistère) ; Haute-Rance (Côtes d’Armor et Ille et Vilaine) ; Vallée de la Seiche (Ille et Vilaine) ; Sud-Mayenne (Mayenne)