« Se mobiliser à l’échelle des territoires », Guillaume Dyrszka, Coop de France Midi Pyrénées
Le | Projets-territoriaux
Après l’obtention d’un BTS agricole suivi d’une spécialisation de technico-commercial, Guillaume Dyrzska est embauché en 2001 à la Fédération régionale des coopératives agricoles de Midi-Pyrénées, devenue Coop de France Midi-Pyrénées, en emploi-jeune pour mettre en place les CTE, contrats territoriaux d’exploitation. Aujourd’hui chargé de mission environnement, il nous livre sa vision issue de plus de dix ans d’expérience dans le conseil coopératif en agriculture durable. Référence environnement : Quelles sont vos missions au sein de Coop de France Midi-Pyrénées ? Guillaume Dyrszka : Je suis en charge de la veille et de la mobilisation des coopératives sur les sujets environnementaux, notamment le plan Ecophyto, les nitrates ou l’agro-écologie. J’ai également un rôle d’interlocuteur auprès des organismes professionnels agricoles, des administrations et autres organismes régionaux. Par ailleurs, je suis fortement impliqué sur le programme de développement national de Coop de France, sur les actions « environnement / agro-écologie » et « conseil ». J’ai d’ailleurs rédigé l’action du programme de développement Casdar 2015-2020 de Coop de France, qui vise à accompagner les agriculteurs aux changements, par la pertinence du conseil coopératif, dans un objectif d’accroissement de la compétitivité agro-écologique des exploitations. Ce programme implique d’augmenter le niveau de compétences des conseillers, par la formation, l’évolution des programmes des lycées agricoles et des universités. A titre d’exemple, nous sommes partenaire de la licence professionnelle Conseil en système de culture agro-écologique, Cosyca, portée par le lycée d’Auzeville. Le programme vise aussi à renforcer les liens entre la recherche et les structures de développement, travailler sur l’obtention de références territoriales et sur le transfert des données. Nous engageons aussi une réflexion sur la réorganisation des services de conseil dans les coopératives. Certaines y ont déjà réfléchi et constituent des expériences de référence. R.E. : Comment ont évolué les enjeux environnementaux en douze ans ? G.D. : En 2001, la stratégie européenne de développement durable a fixé le cap pour concilier les politiques économique, environnemental et social. A cette même époque, la France a mis en place les contrats territoriaux d’exploitation qui, pour la première fois, liaient l’environnement avec l’économie. Ensuite, nous avons eu à faire à un empilement de contraintes réglementaires avec des dispositifs qui pointaient une seule problématique. Avec le projet « produisons autrement », nous visons une approche globale d’exploitation. C’est une bonne chose, et nous devons prendre toute notre place pour faire progresser les pratiques et les systèmes. R.E. : Comment voyez-vous évoluer la problématique environnementale en agriculture ? G.D. : L’agro-écologie intègre tous les enjeux environnementaux. Avec « produisons autrement », nous avons nos objectifs pour une bonne décade ! Le « produire mieux avec moins » me gène beaucoup. Je pense qu’il faut être ambitieux et vouloir « produire mieux et plus ». La réponse à l’équation - « diminuer l’impact des pratiques sur les ressources, adapter les systèmes d’exploitations aux changements climatiques tout en maintenant une production agricole française de qualité répondant aux attentes des consommateurs et des utilisateurs » - se trouve au niveau des territoires. C’est à ce niveau qu’il faudra obtenir des références agronomiques et créer du lien entre les acteurs pour valoriser les productions locales et capter la valeur ajoutée. R.E. : Les coopératives de Midi-Pyrénées sont-elles intéressées par les GIEE, les groupements d’intérêt économique et environnemental ? G.D. : Concernant l’appel à projets Casdar « Mobilisation collective pour l’agro-écologie », lancé par le ministère en 2013, quatre coopératives de Midi-Pyrénées ont été candidates et deux ont été lauréates. Concernant les GIEE*, nous avons lancé le sujet auprès de nos coopératives et attendons leurs projets pouvant entrer dans ce cadre. Il est difficile à ce jour d’estimer combien s’engageront pour accompagner les groupes d’agriculteurs réunis au sein d’un GIEE. Mais, que ce soit dans ce cadre ou dans tout autre projet agro-écologique, les coopératives se mobiliseront pour accompagner leurs adhérents, dans l’évolution de leurs systèmes, à la fois productifs, compétitifs, économes en ressources et respectueux de l’environnement. Une mobilisation collective à l’échelle des territoires sera, à mon sens, bien plus efficace que les réglementations actuelles. *voir notre article GIEE : le ministère de l’Agriculture publie une circulaire