Space 2016. L'environnement, plus que jamais
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Même si la crise que subissent les filières agricoles était au cœur des discussions au Space, les thèmes environnementaux tenaient toute leur place lors du salon des filières animales, du 13 au 16 septembre, à Rennes. L’agriculture durable fait partie des leviers de compétitivité et de réponse pour le futur. Avec le climat, le bien-être animal, les énergies renouvelables et l’agro-écologie comme sujets-phares. Les préoccupations environnementales aident au développement des technologies les plus poussées, notamment dans le domaine de l’agriculture de précision et du numérique.
Pour accompagner les agriculteurs, les distributeurs agricoles présentaient des innovations en matière d’environnement. La coopérative Terrena avait ciblé bien-être animal. « À partir d’octobre, nous allons déployer un outil de pilotage de précision pour l’élevage de volailles, Consélio, explique Yves Riette, responsable marketing et développement de Terrena. Il existe déjà pour les cultures. C’est un outil de traçabilité, de collecte de données, qui va permettre un conseil en temps réel ainsi que des alertes sanitaires. » Terrena mettait en avant son application Tibena, pour améliorer le bien-être des porcs et des poulets. « Le bien-être animal n’est pas qu’une contrainte, il contribue à la productivité en élevage », poursuit Yves Riette. Enfin, Ecloferme, un système d’éclosion à la ferme, est une première. Il diminue les pertes de poussins, qui, naissant dans le bâtiment d’élevage, ne sont pas soumis au stress lors des opérations de tris au couvoir et lors du transfert. Une dizaine de prototypes seront testés dans un premier temps.
« Chaque année, nous valorisons sur une innovation au Space, souvent en lien avec l’environnement. C’est un de nos axes stratégiques », explique Anne-Marie Boullier, secrétaire générale en charge de la communication à la Cooperl. La démarche des porcs sans antibiotiques est désormais étendue aux porcs zéro jour. La structure a déposé une demande d’autorisation pour la création d'Émeraude bio énergie, une unité de méthanisation à Lamballe. Elle est couplée avec le projet Trac, qui aide les agriculteurs à investir dans des bâtiments agro-écologiques, notamment dans des systèmes de raclage. Pour alimenter le site de méthanisation, la coopérative va reprendre pour 20 euros par tonne les coproduits issus des bâtiments Trac. « Nous n’avons pas encore les résultats de l’enquête publique, mais les signaux sont au vert », poursuit Anne-Marie Boullier.
Bien-être animal et méthanisation
La méthanisation était aussi à l’honneur sur le stand de Triskalia. Fin 2015, la structure a lancé la SAS Cobiogaz, qui étudie la méthanisation à la ferme avec un système de bouteilles compressées. « Nous voulons collecter ces bouteilles pour pouvoir réinjecter le gaz directement dans le réseau sur un site où cela est possible », explique Mathieu Dufour, en charge de la méthanisation à Triskalia. Le projet est à l’étude avec la Semaeb, société d’économie mixte d’aménagement et d’équipement de Bretagne, Direct Energie, et la Caisse des dépôts et consignation. Les premières unités pourraient voir le jour en 2020.
L’agriculture durable : un axe stratégique
Agrial mène une vaste réflexion stratégique sur le bien-être animal, les nouvelles pratiques agricoles, les graminées, dans une vision à long terme.
Pour la Cecab-Coop de Broons, impossible de passer à côté de l’environnement. « Nous devons travailler avec l’agriculteur pour évoluer avec les demandes du 21e siècle », explique David Chauvin, directeur de la coopérative. La structure est la seule en Bretagne à proposer l’outil satellitaire pour le pilotage de la fertilisation Farmstar, qui concerne 22 000 hectares. « Nous sommes le premier acteur bio de Bretagne », ajoute le directeur.
Le Gouessant mise sur la valorisation des produits des adhérents à travers une marque, Terre de Breizh qui existe depuis un an et demi. « Nous avons démarré avec les pommes de terre et les œufs, et nous allons lancer une gamme sur le jambon », explique Patrick Farrier, président du Gouessant. Le cahier des charges reprend les thèmes de bien-être animal, de qualité et d’environnement.
Une plateforme R & D sur le climat
Aborder les grands défis d’avenir liés au changement climatique : tel était le thème de la plateforme recherche et développement du Space 2016. « C’était la volonté des élus des chambres d’Agriculture et du Space, alors que 175 pays ont signé l’accord de Paris établi lors de la Cop 21 », souligne André Sergent, président de la plateforme. Quatre axes majeurs étaient déclinés : économiser de l’énergie, produire de l’énergie, réduire les gaz à effet de serre, stocker du carbone. De nombreux témoignages, démonstrations de matériels, vidéos et explications personnalisées ont animé le stand. L’objectif était bien de montrer des actions positives et des solutions, afin que « le monde de l’élevage se mobilise tout autant que les autres secteurs de l’économie. »
« Quatre questions pour permettre aux éleveurs de quantifier les gains de réduction carbone possibles à l’échelle de l’exploitation » : c’est ce que propose le compteur carbone, un outil de sensibilisation mis au point pour le Space. En répondant à ces questions concernant leurs pratiques, les éleveurs pouvaient quantifier les gains de réduction de carbone possibles sur leur exploitation. Sur la plateforme, un compteur s’affichait en indiquant le nombre de tonnes de CO2 évitées par leur démarche. G.P.