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Protéines végétales, RAGT plaide pour un nouveau système de financement de la recherche

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Engagé depuis février dans le projet multipartenaires Soystainable, pour développer la culture de soja français, RAGT compte également sortir très prochainement des variétés de pois avec de nouveaux profils de tolérance. Sébastien Chatre, directeur de recherche au sein du groupe, précise les contours de cet engagement, qu’il souhaiterait davantage soutenu par les pouvoirs publics.

Un champs de pois. Crédit photo : RAGT - © D.R.
Un champs de pois. Crédit photo : RAGT - © D.R.

Leader français dans le secteur du soja, et possédant près de 80 % des parts de marché sur la féverole, le groupe semencier RAGT affiche fièrement son engagement dans le secteur des protéines végétales. « Nous sommes convaincus que nous aurons besoin des protéines végétales en Europe, nous avons longtemps accepté de faire de la sélection sur ces espèces sans que cela soit profitable, assure Sébastien Chatre, directeur de recherche chez RAGT. Nous avons une vision de long terme sur ce sujet, et non de court terme, uniquement centrée sur la rentabilité. »

Développer la culture du soja en France

Le groupe a ainsi rejoint le projet de recherche Soystainable, lancé au début du mois de février, regroupant un large consortium d’acteurs académiques et privés. L’objectif est de démontrer la faisabilité d’une production française de soja de grande ampleur. « Nous souhaitons nous inscrire dans des projets collaboratifs, pour trouver des solutions, avec la recherche publique, pour les agriculteurs et les utilisateurs finaux, poursuit Sébastien Chatre. Les marchés des protéines végétales étant encore petits, cela nous permet également d’accéder à des financements plus importants. »

Proposer de nouvelles variétés tolérantes aux maladies

Mais le groupe RAGT développe aussi ses propres recherches, sur un pas de temps plus court que ceux comme Soystainable. « Nous avons besoin des deux rythmes, la sélection est une course pour apporter des solutions le plus rapidement possible, mais nous devons aussi nous inscrire dans le long terme, pour anticiper les problématiques de demain », plaide le directeur de recherche. Plusieurs projets, d’une durée de trois ans, ont ainsi été déposés, en 2021, dans le cadre de guichets du Plan protéines opéré par France Agrimer, pour le soja, le pois et la féverole. Ces derniers portent notamment sur la tolérance du pois à certaines maladies ou virus. « Entre 5 et 10 projets ont été lancés, nous souhaitons rester discrets sur le nombre de partenaires impliqués, glisse Sébastien Chatre. L’objectif est d’avoir un impact fort, autrement dit de sortir rapidement des variétés avec des profils uniques de tolérance. C’est très positif, car cela permet d’accélérer le gain génétique, en sortant plus rapidement que prévu de nouvelles variétés. ». Un partenariat avec un industriel aurait été noué, dans ce cadre. Mais d’autres projets impliquent aussi la recherche et les instituts publiques.

Développer des modèles de prédiction

Autre axe de recherche développé, dans le cadre des aides FranceAgriMer : la mise au point de modèles de prédiction pour les protéines végétales. « La sélection génomique permet de développer des modèles de prédiction qui, par exemple, simulent la performance de 100 000 variétés, détaille Sébastien Chatre. Nous mettons ensuite en évaluation au champ les meilleures variétés estimées. Ce levier de technologie ne serait pas possible sans le soutien de financement à la sélection. Seules des grandes espèces comme le maïs ou les céréales à paille peuvent se payer ses approches. On donne ainsi à nos sélectionneurs protéagineux l’accès à une boîte à outils bien plus complète pour apporter des innovations. »

Vers une Criv pour les protéines végétales ?

Des efforts de recherche multiples que Sébastien Chatre estime néanmoins insuffisamment soutenus. Le directeur de recherche plaide en effet pour une reconfiguration du soutien de la recherche au niveau européen, mais aussi en France. « Mettre ponctuellement en œuvre des subventions pour aider la recherche est une bonne chose mais ne permet nullement de construire dans la durée. Le système dans son intégralité doit évoluer avec l’utilisation plus massive de semences certifiées et, en complément, la mise en place d’un dispositif à l’image de la Criv pour les céréales à paille : c’est le vrai moyen de garantir les innovations de demain. »

18 % du chiffre d’affaires sont réinvestis en moyenne dans la sélection variétale par RAGT Semences.