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Grandes cultures, la Cour des comptes en faveur d’une labellisation des expérimentations d’adaptation

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Des politiques publiques davantage structurées depuis le lancement du Varenne de l’eau en 2021, un système de recherche perfomant, mais des changements structurels importants encore à concrétiser : c’est le bilan de l’analyse de la Cour des comptes, en ce qui concerne l’adaptation des filières céréalières au changement climatique. L’instance y consacre un chapitre dans son rapport public annuel, diffusé le 12 mars 2024.

Grandes cultures, la Cour des comptes en faveur d’une labellisation des expérimentations d’adaptation
Grandes cultures, la Cour des comptes en faveur d’une labellisation des expérimentations d’adaptation

La Cour des comptes a publié, le 12 mars 2024, son rapport public annuel, focalisé cette année sur le bilan de l’action publique face au changement climatique. Le document, de 725 pages, consacre un de ses chapitres aux cultures céréalières. Alors que FranceAgriMer planche actuellement sur des scénarios d’adaptation pour les filières de grandes cultures, la Cour des comptes appelle à anticiper des transformations d’ordre structurel. « L’agriculture ne décide pas seul des innovations à adopter, il est inséré au sein d’un écosystème d’acteurs économiques et politiques, souligne le document. (…) Les exemples de frein à l’innovation venant de l’industrie agroalimentaire ou de la réglementation sont ainsi nombreux », pose la Cour des comptes. Cette dernière cite, pêle-mêle, plusieurs exemples : «  Des mélanges de blé aux résistances complémentaires pourraient être utilisés, mais la pratique habituelle des meuniers est plutôt de procéder aux mélanges après récolte, pour être sûrs de reproduire la qualité de farine à laquelle les consommateurs sont habitués. Le sorgho, réputé pour sa résistance aux climats secs, pourrait trouver un débouché pour l’alimentation des volailles, mais il ne figure pas dans les céréales autorisées en Label Rouge. Un mélange pois-blé peut s’avérer intéressant en termes de résilience, mais nécessite un investissement prohibitif pour faire le tri lors de la récolte, etc. »

Un système français de recherche performant

Si des verrous sont indéniablement encore à faire sauter, la Cour des comptes souligne néanmoins que les filières céréalières bénéficient « des apport d’un système de recherche et d’innovation public et privé complet et performant ». Le rapport reconnaît les efforts déployés aussi bien par les industriels semenciers, que les instituts techniques agricoles (« il n’existe pas dans l’UE d’institut technique consacré à la recherche appliqué sur les céréales équivalent à Arvalis »), les chambres d’agriculture, ou les structures partenariales de type réseaux et unités mixtes technologiques ou groupement d’intérêt scientifique. « L’ensemble de ce dispositif de recherche, largement bâti avec le concours des pouvoirs publics, oeuvre depuis deux décennies à développer des solutions techniques pour s’adapter au changement climatique, écrit la Cour des comptes. Les avancées scientifiques et techniques sont nombreuses et doivent être diffusées. »

Deux recommandations

Une diffusion qui pourrait être encouragée par des politiques publiques davantage structurées depuis quelques années. «  Avant 2020, il était difficile d’identifier des politiques publiques spécifiquement conçues en faveur de l’adaptation, note le rapport. (…) Le Varenne agricole de l’eau de 2021 a marqué un tournant, l’adaptation devenant une priorité de l’action publique. » Pour aller plus loin, la Cour des comptes formule deux recommandations au ministère de l’Agriculture, pour 2025 :  concevoir et mettre à jour un tableau de bord afin de suivre spécifiquement les actions et les financements liés à l’adaptation de l’agriculture au changement climatique ; soutenir financièrement et labelliser les expérimentations de transformations structurelles visant à adapter les cultures au changement climatique.