Biomasse : production française estimée à 170-250 TWh en 2050, en deçà de l’objectif de la SNBC
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Un rapport du CGAAER, de l’IGEDD et du CGE datant de décembre 2023 et rendu public le 29 novembre 2024 envisage de développer les Cive et construire un modèle de simulation des productions agricoles et forestières de biomasse internalisant les conditions agronomiques et climatiques ainsi que la variabilité géographique.
Développer les cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive), construire un modèle de simulation des productions agricoles et forestières de biomasse internalisant les conditions agronomiques et climatiques ainsi que la variabilité géographique, définir les principes et un cadre stable de priorisation des usages de la biomasse : telles sont les principales propositions émises par un rapport du CGAAER, de l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (IGEDD) et du Conseil général de l’économie, de l’industrie et des technologies (CGE) datant de décembre 2023 et rendu public le 29 novembre 2024.
Celui-ci, fruit d’une mission d’évaluation diligentée par les ministres chargés de l’Agriculture, de l’Écologie, de l’Énergie et de l’Industrie dans le cadre de la SNBC 3 (elle-même prenant part à la SFEC), quantifie le potentiel de production d’énergies renouvelables à partir de la biomasse agricole et forestière française à l’horizon 2050.
« À court et moyen terme, les Cive peuvent offrir une nouvelle ressource d’environ 15 Mt de matière sèche (MS) et 40 TWh. Un surcroît de récolte de bois de 5 Mt MS peut conduire à 10 TWh supplémentaires, 10 Mt MS de résidus de cultures et 7 Mt MS d’effluents d’élevage pourraient apporter 34 TWh en complément », indiquent les auteurs du rapport.
À l’horizon 2050 et selon le mode de valorisation, par combustion directe, méthanisation ou synthèse de carburants liquides, la biomasse agricole et forestière (environ 70 Mt MS), avec les biocarburants de première génération, pourrait fournir un total de 170 à 250 TWh en biogaz et biocarburants (dont 35 TWh en biocarburants 2G, 60/65 TWh en biogaz et 110 TWh par combustion directe), estime la mission.
« Impossibilité d’équilibrer la SNBC avec de l’énergie issue de la biomasse »
La projection émise par le rapport, « déjà optimiste, est significativement inférieure mais comparable aux projections actuelles de l’administration, qui envisagent une ressource de 305 TWh en énergie finale (dont 13 TWh issus de déchets) », indique-t-il.
« Toutefois, ces dernières mobiliseraient de façon peu réaliste environ 95 Mt MS de biomasse, hors biocarburants de première génération, selon la mission en raison d’une conversion en biocarburants et biogaz importante. Elle est encore plus éloignée de la demande métropolitaine prévue en 2050 (340 TWh d’énergie finale, soit 540 TWh d’énergie primaire et environ 120 Mt MS, si les carburants de deuxième génération sont substitués à ceux de première) », souligne la mission.
Celle-ci conclut ainsi sur « l’impossibilité d’équilibrer la SNBC avec de l’énergie issue de la biomasse, puisque les besoins estimés sont une fois et demie supérieurs aux ressources ».
Biomasse énergie (TWh) | 2030 | 2040 | 2050 |
Demande SFEC 2 (énergie primaire/énergie finale) | 324/238 | 537/336 | 541/340 |
Ressource SFEC 2 (énergie finale) | 228 | 265 | 305 |
Ressource estimation mission (énergie finale) | n.s. | n.s. | 170 à 250 |
Les recommandations du rapport
Recommandation 1 : Confirmer l’intérêt des biocarburants de première génération, maintenir leur usage et tendre vers l’autosuffisance (ministères chargés de l’agriculture, et de l’énergie)
Recommandation 2 : Développer, pour une prochaine SNBC, un modèle de simulation de la production de biomasse française internalisant les conditions climatiques et agronomiques et une part de la variabilité géographique (MASA, avec appui d’Inrae, de l'IGN)
Recommandation 3 : Inciter au développement des Cive d’hiver, impérativement en association avec la constitution d’un réseau de méthaniseurs suffisamment dense, avec un objectif de l’ordre de 3 Mha.
Recommandation 4 : Organiser le boisement des surfaces agricoles délaissées (actuelles et futures) (MASA, MTECT)
Recommandation 5 : Constituer un observatoire national de l’offre et de la demande de biomasse à partir des structures existantes pour agréger les informations disponibles au niveau national et régional et garantir leur exhaustivité (commissariat général au développement durable - CGDD/SDES, SSP)
Recommandation 6 : Instituer un plan d’approvisionnement formalisé pour les installations classées soumises à autorisation et enregistrement utilisant de la biomasse à des fins non alimentaires et assurer son suivi (DGPR en lien avec la DGEC)
Recommandation 7 : Organiser, tracer et documenter les partages d’information et l’interface entre les sources de données, ainsi que leur traitement dans les diverses modélisations de la SFEC (DGEC)
Recommandation 8 : Définir des principes et un cadre stable et rationnel de priorisation des usages de la biomasse à destination énergétique (DGEC/DGPE)