65 M€ pour mettre le numérique au service de l’agroécologie
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Pour mettre le numérique au service du déploiement de l’agroécologie, un programme de recherche prioritaire, PEPR, a été officiellement lancé le 6 janvier. Le dispositif est porté par Inrae et Inria et encadré par les ministères en charge de l’agriculture, la recherche et la transition numérique. Le programme dispose d’un budget de 65 M€ sur huit ans.
« Le numérique est un des leviers les plus puissants pour assurer la transition agroécologique, l’amélioration des conditions de travail des agriculteurs ou encore l’attractivité des métiers du secteur », plaide Marc Fesneau. Le ministre de l’Agriculture s’exprimait à l’occasion du lancement, le 6 janvier, du Programme et équipements prioritaires de recherche, PEPR, « Données, agroéquipements et ressources génétiques au service de la transition agroécologique et de l’adaptation aux aléas climatiques », co-piloté par Inrae et Inria, dans le cadre de France 2030. Objectif : orienter le développement du numérique pour servir l’agroécologie. Les ministères en charge de la recherche et de la transition numérique encadrent également cette initiative.
Dix projets déjà lancés et deux appels à projets à venir
Le PEPR bénéficie d’un budget de 65 M€ sur une période de huit ans. 40 % de cette enveloppe, soit 26 M€, ont été attribués à dix programmes cibles de recherche déjà en place. Le reste doit encore être attribué. Deux appels à projets doivent ainsi être lancés. « Un premier appel à manifestations d’intérêt sera ouvert à la fin de l’année, pour un démarrage des projets début 2024, précise Claire Rogel-Gaillard, co-pilote du PEPR pour Inrae. Le second interviendra deux ans après, une fois que nous aurons un peu de recul, grâce aux premiers résultats des projets cibles. » 20 M€ viendront également compléter ces fonds via le lancement, prochainement, d’un grand défi dédié à la robotique.
Quatre grands axes de recherche
Plusieurs projets soutenus dans le cadre du PEPR ont été présentés à l’occasion du lancement du programme. Ils illustrent la diversité de sujets qui seront abordés dans le cadre du dispositif et ses quatre grands axes :
- CoEdiTag, qui doit notamment permettre de produire des ressources communes et partagées, pour étudier la place, le rôle et l’impact des technologies, dans le changement de pratiques. Un observatoire numérique de la transition agroécologique sera notamment mis en place.
- Agrodiv, dont l’objectif est de mieux caractériser la diversité génétique des espèces animales et végétales, pour répondre aux enjeux du changement climatique et de la transition agroécologique.
- Ninsar, dont l’ambition est d’aboutir à la création de nouveaux outils robotiques, pour soutenir le changement de pratiques.
- PlantAgroEco, qui vise à élargir le système d’identification de plantes, PlantNet, pour lui permettre d’identifier les maladies de ces dernières, tout en assurant un service de surveillance épidémiologique collaboratif.
Un PEPR à venir sur la sélection variétale
Le PEPR « Agroécologie et numérique » s’intègre dans la stratégie d’accélération pour une agriculture durable, « Systèmes agricoles durables et équipements agricoles contribuant à la transition écologique ». Inrae et Inria avaient déjà posé les bases de ces réflexions via la rédaction d’un livre blanc « Agriculture et numérique », diffusé en début d’année.
Quelle durabilité pour le numérique ?
Aide à la décision, traitements de précision… le numérique présente des avantages indéniables pour accompagner le changement de pratiques dans les champs. Mais quand est-il de sa durabilité propre ?
« Pour l’heure, le numérique ne nous semble pas durable, notamment en matière de consommation énergétique et de fabrication des matériaux, pose Jacques Sainte-Marie, PDG d’Inria et co-pilote du PEPR. À nous de résoudre cette équation, en minimisant les impacts directs du numérique et en maximisant les effets bénéfiques. » D’autres points de vigilance ont par ailleurs été soulignés, liés au risque d’exclusion de groupes d’agriculteurs ou à la crainte de perte d’autonomie. « Le numérique dispose, globalement, d’une image positive, mais il y a parfois un écart entre les promesses et les réalités du terrain », résume Pierre Labarthe, CoEdiTag, l’un des projets soutenus par le PEPR.