Référence agro

Adaptation au changement climatique, l’agriculture ne peut pas tout insiste le Giec

Le | Recherche-developpement

Le Giec a publié, le 4 avril, le troisième volet de son sixième rapport, focalisé sur l’adaptation au changement climatique. Un chapitre est consacré au secteur de l’usage des terres, dont fait partie l’agriculture. Si des leviers, bien connus, peuvent être activés, leur mise en oeuvre reste parfois compliquée soulignent les auteurs du rapport, qui insistent également sur le fait que les sols agricoles ne peuvent compenser les émissions de tous les autres secteurs.

Adaptation au changement climatique, l’agriculture ne peut pas tout insiste le Giec
Adaptation au changement climatique, l’agriculture ne peut pas tout insiste le Giec

Après deux premiers volets publiés au août 2021 et février dernier, portant sur l’accélération du changement climatique et ses effets, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, Giec, publie, le 4 avril, le dernier volet de son sixième rapport d’évaluation. Il concerne l’adaptation au changement climatique. Le constat initial est désormais bien connu : « Nous pouvons réduire de moitié les émissions d’ici à 2030, (mais) sans réductions immédiates et significatives dans tous les secteurs, limiter le réchauffement climatique à 1,5 °c est hors de portée », indiquent les auteurs, en soulignant néanmoins le nombre croissant de mesures climatiques dans différents pays. « Nous sommes à la croisée des chemins, déclare le président du Giec, Hoesung Lee. Les décisions que nous prenons maintenant peuvent garantir un avenir vivable. Nous avons les outils et les connaissances nécessaires pour limiter le réchauffement. »

Faciliter les mesures d’adaptation dans le secteur agricole

Le rapport est découpé en 17 chapitres, dont un est spécifiquement dédié aux secteurs de l’agriculture, de la forêt et des autres usages du sols (other land uses). Ces secteurs « peuvent permettre des réductions d’émissions, tout comme capter et stocker du carbone, à grande échelle », indique le document. Les leviers cités par le texte sont bien identifiés : la séquestration de carbone en grandes cultures ou dans les prairies, l’agroforesterie, mais aussi le changement de régime alimentaire, la réduction du gaspillage alimentaire, le recours à des biomatériaux ou l’agriculture urbaine. Les auteurs notent néanmoins que « des obstacles continuent d’entraver la faisabilité économique et politique du déploiement des options d’atténuation pour les secteurs de l’usage des terres. Aider les pays à surmonter ces obstacles contribuera à obtenir des mesures d’atténuation significatives. » Le document prévient également que la mise en œuvre de ces mesures d’atténuation dépend du contexte de chaque pays. « La faisabilité de certaines options peut augmenter lorsqu’elles sont combinées ou intégrées, comme l’utilisation des terres à la fois pour l’agriculture et la production solaire centralisée », prennent en exemple les auteurs.

Les sols ne peuvent pas tout

Le rôle des agriculteurs, en tant que travailleurs du sol, est tout particulièrement souligné. Les auteurs préviennent néanmoins : les sols ne peuvent pas tout. « Ils ne peuvent compenser les réductions d’émissions retardées d’autres secteurs . »Ils insistent sur le fait que limiter le réchauffement climatique ne se fera pas sans des « transitions majeures » dans le secteur de l’énergie, via notamment la baisse de l’utilisation des énergies fossiles, une électrification généralisée, l’amélioration de l’efficacité énergétique ou le recours à des carburants alternatifs comme l’hydrogène. « La mise en place de politiques, d’infrastructures et de technologies appropriées pour permettre des changements dans nos modes de vie et nos comportements peut entraîner une réduction de 40 à 70 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050, indique le coprésident du groupe de travail III du GIEC, Priyadarshi Shukla. Cela offre un potentiel inexploité important. »