Agrivoltaïsme : un triplement potentiel de la production d’EnR à déployer, selon le think tank Ember
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Une étude publiée le 29 août 2024 par Ember, think-tank dédié à la transition écologique, exposent les bénéfices attendus du déploiement de l’agrivoltaïsme dans les PECOs. Elle chiffre notamment à +16 % la hausse de rendement des cultures bénéficiant d’ombrage, tels que les fruits et les baies.
« 191 Twh issus de l’agrivoltaïsme, soit près de trois fois la production d’EnR actuelle (73 TWh), pourraient être produits par le secteur agricole de la République tchèque, de la Pologne, de la Hongrie et de la Slovaquie, et répondre ainsi à 68 % de la demande électrique de ces quatre PECOs (pays d’Europe centrale et orientale) », indique une étude publiée le 29 août 2024 par Ember, think tank dédié à la transition écologique.
Les auteurs de l’étude, Pawel Czyzak, directeur régional Europe d’Ember, et Tatiana Mindekova, spécialiste Énergie Europe, exposent les bénéfices attendus du déploiement de l’agrivoltaïsme dans les PECOs :
• +16 % de rendement des cultures bénéficiant d’ombrage, tels que les fruits et les baies ; 39 GW seraient déployables dans les quatre PECOs analysés par l’étude ;
• une baisse de rendement contenue à moins de 20 % pour les grandes cultures, via notamment des panneaux PV verticaux, permettant le travail des machines agricoles ; 141 GW supplémentaires seraient déployables dans cette configuration ;
• 191 TWh d’énergies renouvelables issues de l’agrivoltaïsme en Europe centrale, soit près du triple de la production actuelle (73 TWh).
Parmi ces quatre pays, seule la République tchèque s’est dotée d’un texte législatif encadrant l’agrivoltaïsme, le 10 mai 2024. Il permet aux agriculteurs d’installer des panneaux PV sans modifier l’usage officiel des terres. « Dans les pays où des cadres législatifs pour l’agri-PV ont été introduits, cela a entraîné un déploiement rapide de nouveaux projets agri-PV. En Allemagne, en France, en Italie et aux Pays-Bas, les réglementations permettent l’utilisation partagée des terres pour l’agriculture et la production d’électricité, sans perte de subventions agricoles. Plus de 200 projets agri-PV sont ainsi déjà en cours d’installation en Europe », selon les auteurs de l’étude.
Les principaux bénéfices de l’agrivoltaïsme pour l’Europe centrale
- Les rendements augmenteraient de 16 % pour les fruits et baies, avec 63 % de la production électrique d’une ferme solaire traditionnelle (par hectare). La baisse des rendements serait contenue à moins de 20 % pour les céréales, compensée par les revenus additionnels générés par la production électrique. La combinatoire Agri-PV peut engendrer une efficacité d’utilisation des terres de 178 % supérieure à celles des terres mono-usages.
- Aux tarifs moyens de l’électricité de 2023, la production d’électricité génère un bénéfice annuel de 1268 € à 7300 €/ha. En 2024, la production de blé générera une perte nette de 97 €/ha.
- Les pommes de terre, le céleri et l’orge d’hiver ont surperformé leurs rendements de référence, dans le cadre d’un projet mené en Allemagne en 2018, le projet APV-Resola.
- Les besoins en électricité du secteur agro-alimentaire des quatre pays étudiés (17 TWh) seraient couverts par le déploiement de 9 % du potentiel Agri-PV exploitable ; le déploiement de panneaux PV au-dessus des seuls vergers et producteurs de baies couvrirait 87 % de la demande du secteur (15 TWh).
- L’électrification de l’agriculture est en marche, notamment au niveau du machinisme et des électrolyseurs nécessaires à la production de fertilisants ; la production d’électricité connexe à l’écosystème agricole en devient d’autant plus pertinente.
Un cadre législatif incitatif, la clé du déploiement de l’agrivoltaïsme
- La législation doit définir les caractéristiques des terres agricoles converties en agrivoltaïsme, afin qu’elles restent éligibles aux aides PAC : cela passe notamment par des limites imposées aux baisses de rendement post-installation.
- La législation, pour encourager le déploiement de l’agrivoltaïsme, doit encadrer le zonage administratif des terres, accélérer les octrois de permis et les raccordements aux réseaux.
- Les pays qui comptent le plus de projets d’agrivoltaïsme sont l’Allemagne, la France, l’Italie, les Pays-Bas. L’Allemagne a publié ses premières recommandations en 2021, et a soutenu financièrement les installations, notamment en garantissant les prix de revente : 70 % des agriculteurs allemands souhaitent désormais s’installer, selon une étude (Factors influencing the willingness to use agrivoltaics : A quantitative study among German farmers/Elsevier) publiée le 1er mai 2024.
Les recommandations-clés d’Ember pour déployer l’agrivoltaïsme :
- Centrer le dispositif autour des bénéfices des agriculteurs, qui doivent continuer à profiter de la PAC ;
- Intégrer tous les dispositifs d’agrivoltaïsme dans la législation ;
- Soutenir la R&D ;
- Intégrer des objectifs Agrivoltaïsme dans les plans stratégiques PAC ;
- Subventionner les investissements des agriculteurs.