Baisse des utilisations de pesticides : les expérimentations d’un agriculteur de l’Aisne
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__Sur une exploitation de 180 ha de grandes cultures dans l’Aisne, Thierry Ghewy a fait le choix d’un retour à l’agronomie dès les années 2000 avec des techniques culturales simplifiées. « Cela m’a conduit à réfléchir à l’ensemble de mes pratiques culturales et m’a poussé à participer à un groupe expérimental mis en place en Picardie sur la protection intégrée des cultures ».__ Avec plus de 3 ans de recul sur cette expérimentation, Thierry Ghewy peut affirmer qu’il a réussi à maintenir ses rendements et son revenu grâce à une agriculture à bas niveau d’intrants. Les différents indices expérimentés ont montré une importante diminution des quantités de produits phytopharmaceutiques utilisées. « Avec une simple démarche préventive agronomique, on peut baisser fortement les doses appliquées », précise Thierry Ghewy « même si j’ai encore des progrès à faire dans le domaine du désherbage. Ainsi, par exemple, en diminuant de 30 % la densité de semis de mes céréales, j’ai pu supprimer les régulateurs de croissance ». « Cette démarche de protection intégrée intéresse beaucoup d’agriculteurs, et est soutenue par les organismes de recherche et de développement mais n’est pas assez fédérée », estime Thierry Ghewy. Pour cet agriculteur, pour accompagner la « rupture psychologique nécessaire » chez les agriculteurs, il est urgent de « former les agriculteurs et les techniciens à l’agronomie ». Et de conclure : « Je suis dans les clous par rapport aux orientations du Grenelle de l’environnement. » D.R. ''Les indicateurs de traitements phytosanitaires ''++++ Dans le cadre du Grenelle de l’Environnement, le gouvernement souhaite voir baisser de 50 % les quantités de phytosanitaires utilisées en France. Reste encore à définir les indicateurs de mesure. Le groupe de protection intégrée auquel participe Thierry Ghewy a testé 3 indicateurs : IQM, IFT et I-Phy. Ses commentaires sur ces indicateurs : IQM « Cet indice de quantité de matière active apportée à l’hectare permet des comparaisons simples d’une année sur l’autre. Toutefois il oriente les agriculteurs vers des utilisations de produits à faible quantité de matière active et à spectre plus réduit. Cela risque d’entraîner à moyen terme des sélections de flore et d’insectes résistants ». IFT « Cet indice de fréquence de traitement prend en compte le nombre de doses homologuées appliquées au champ et le nombre de traitements. Grâce à un calcul, on obtient une moyenne globale qui semble réunir le plus de consensus auprès des spécialistes. Toutefois, cet indice n’est pas simple à utiliser pour un agriculteur et surtout pénalise les agriculteurs pratiquant les associations de produits pour plus d’efficacité dans leurs traitements ». I-Phy « Cet indice technique mis en place notamment par l’Inra et Arvalis tient compte de l’impact d’un produit sur son environnement en fonction notamment des matières actives, des risques de ruissellement, de la texture des sols… A partir d’une base de données, le cumul des notes obtenues permet de se positionner par rapport à un référentiel (une note supérieure à 7 estime que les pratiques mises en place sont bonnes). Cet indice est complexe mais prend réellement en compte les spécificités de l’exploitation. Il nécessite la mise en place d’une base de données et d’un système informatique ». Pour Thierry Ghewy, ces 3 indices pris séparément montrent des intérêts mais aussi des limites. C’est la raison pour laquelle son groupe de protection intégrée n’a pas souhaité privilégier l’un de ces indices mais utilise les 3 à la fois.