Bio et méthanisation : des synergies à exploiter et à documenter, selon Solagro et GRDF
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Solagro et GRDF ont planché ensemble sur les possibles articulations de l’agriculture bio avec la méthanisation. Si leur étude commune ne sera publiée que dans quelques mois, ses premiers enseignements ont été livrés lors d’un webinaire, le 7 juin.
Est-il possible de créer une synergie entre méthanisation et agriculture bio ? Le taux de conversion, autour de 7 à 8 %, chez les porteurs de projets de l’Association des agriculteurs méthaniseurs de France (AAMF), étaye cette hypothèse. Solagro et GRDF ont souhaité la creuser. Si leur étude commune sera publiée à la rentrée prochaine, un webinaire organisé le 7 juin, a permis de présenter de premières conclusions.
Rendements supérieurs de 20 à 25 %
Ce travail s’appuie notamment sur une étude bibliographique et vingt entretiens avec des experts et des agriculteurs. La littérature permet de chiffrer les atouts du système « méthanisation bio ». L’augmentation des rendements tournerait entre 20 et 25 %, aussi bien pour les cultures (blé, maïs, tournesol, colza) que pour les prairies, grâce à la possibilité d’épandre du digestat après chaque coupe. La qualité est aussi au rendez-vous, avec une teneur en protéines plus élevée (+10 à 11 % en moyenne) pour les céréales, et des prairies présentant une meilleure qualité fourragère.
Des atouts sur la fertilisation, selon Solagro et GRDF
Pour expliquer ces chiffres, les quelque 70 documents épluchés par Solagro et GRDF révèlent des constats assez unanimes. En particulier, les bienfaits de la méthanisation sur la fertilisation des parcelles bio. « Techniquement, c’est l’un des enjeux-clé pour les producteurs bio, rappelle Céline Laboubée, chargée de projet méthanisation chez Solagro. Il apparaît que la disponibilité de l’azote, dans le digestat épandu, est plus grande. Par ailleurs, passer d’engrais conventionnels au digestat nécessite une évolution des pratiques, qui vont le plus souvent de paire avec une optimisation de celles-ci. »
Les constats sont plus mitigés concernant le chapitre « adventices/ravageurs ». « La maîtrise des mauvaises herbes est l’un des verrous pour les producteurs bio, souligne Céline Laboubée. Certaines études, mais aussi les entretiens que nous avons menés, montrent que ce point nécessite de la vigilance. »
Travaux à poursuivre et approfondir
Au-delà de la fertilisation et de la pression des ravageurs, l’étude de Solagro et GRDF analyse également d’autres paramètres : énergie, biodiversité, émissions de gaz à effets de serre lors de l’épandage, économie, qualité du sol. Elle ne s’arrêtera pas aux constats, mais proposera aussi un travail prospectif sur le potentiel de développement conjoint bio-méthanisation.
Les deux partenaires expliquent, enfin, que l’acquisition de références françaises est nécessaire pour approfondir les analyses agronomiques, environnementales et socio-économiques de ce premier travail. Ils attendent, également, des programmes de R&D pour renforcer l’expertise sur cette conjonction méthanisation et bio.