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Biocontrôle : des avancées considérables, selon l'Inra

Le | Recherche-developpement

« L’Inra mène des recherches depuis longtemps sur le biocontrôle, et les renforce », précise Christian Huyghe, directeur scientifique agriculture de l’Inra, lors d’une conférence dédiée à ce sujet  et organisée le 6 juillet à Paris. Macro-organismes, micro-organismes, médiateurs chimiques et substances naturelles : tous les éléments du biocontrôle sont travaillés.

« Le consortium dédié, créé il y a trois ans et qui regroupe le secteur public et privé, multiplie les projets de recherche, reprend Christian Huyghe. Il s’emploie également à repenser l’évaluation de ces produits, qui ne représentent pas des substitutions aux spécialités de chimie de synthèse et nécessitent une expérimentation et un cadre d’application différents. »

Pour le directeur scientifique agriculture de l’Inra, la construction d’un système exigeant qui nourrit le monde tout en protégeant l’environnement et la santé est à bâtir. « On ne reviendra nulle part, notamment parce qu’il y a dix fois moins d’agriculteurs qu’en 1960. Il faut réinventer le système de demain. Un système qui ne correspond pas à la continuité de celui d’aujourd’hui. »

Des produits complexes à mettre en œuvre

« Nous sommes au tout début d’une histoire, avec une augmentation conséquente des solutions offertes et une baisse des coûts de production, note Christian Huyghe. Mais nous n’avons pas la photographie du futur. Ces solutions sont plus complexes à mettre en œuvre et exigent des efforts de formation, de conseil, d’accompagnement. » Le biocontrôle, qui ne représente actuellement que 5 % du chiffre d’affaires des produits de protection des plantes, pourrait, selon IBMA, l’Association des sociétés de biocontrôle, atteindre rapidement les 15 %.

« Les défis majeurs portent sur la capacité à faire du biocontrôle en cultures ouvertes et non plus uniquement sous serres, explique Christian Lannou, chef du département scientifique Santé des plantes et environnement de l’Inra. L’enjeu est également de trouver les bonnes souches d’agents de lutte biologique qui pourront être cultivées et déployées sur le terrain. Car ces agents sont vivants et ne s’utilisent pas comme des produits de chimie de synthèse. Enfin, le travail mené sur les paysages doit être renforcé afin de réduire la pression des bioagresseurs et augmenter les régulations biologiques. »

Une recherche internationale riche de connaissances

« La recherche est lente, reprend Christian Lannou. Il faut en moyenne 20 ans entre une idée et l’utilisation opérationnelle d’un produit. Mais nous avons énormément de connaissances en magasin. Nous pouvons donc être opérationnels en quelques années, en utilisant des recherches passées pouvant remonter à une quarantaine d’années, mises en place en France ou à l’étranger. » Pour exemple, la lutte contre le cynips du châtaignier par l’introduction du parasitoïde Torymus sinensis résulte de recherches japonaises.