Biodiversité : « un facteur d’intensification écologique des systèmes de production agricole »
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« La spécialisation des exploitations et des territoires pose de nombreux problèmes écologiques, dont une perte de biodiversité liée à la réduction de la diversité des habitats et une contamination croissante des rivières et des masses d’eau par les nitrates et les pesticides », a expliqué Marc Benoit, directeur de recherche à l’Inra, à l’occasion du colloque organisé le 25 juin par la Chaire de développement durable de Sciences-Po et l’Anses sur la réduction de la biodiversité en agriculture et la vulnérabilité des systèmes de production. Or, « la biodiversité peut-être un levier de performance de l’agro-écologie, a indiqué Muriel Tichit, directrice de recherche à l’Inra. Mais il ne faut pas sous-estimer les difficultés de mise en œuvre. Piloter la diversité, c’est piloter un réseau d’interactions. » Terrena en a fait une stratégie Terrena, seule coopérative agricole reconnue par le ministère de l’Ecologie comme engagée dans la Stratégie nationale de biodiversité, a bâti son contrat d’engagement à travers 21 actions axées autour de trois enjeux de la préservation de la biodiversité en milieu agricole : réduction des pesticides, diversification des assolements et préservation des continuités agro-écologiques. « Les initiatives existent et la biodiversité peut être un facteur d’intensification écologique des systèmes de production agricole », souligne Bertrand Pinel, directeur scientifique du groupe coopératif Terrena. Un exemple ? L’intégration de plantes compagnes dans les cultures de colza. « Ces légumineuses méditerranéennes permettent de diminuer les apports d’insecticides et d’engrais, poursuit-il. L’augmentation de la diversité peut-être aussi obtenue par l’association de cultures, comme pour le mélange lupin-triticale. Mais la préservation de la biodiversité n’est pas toujours compatible avec l’objectif de maintien de la productivité. « Les haies entourant les champs peuvent héberger des méligèthes attaquant les cultures de colza ou favoriser, à proximité de parcours de volailles, la présence d’oiseaux sauvages potentiellement porteurs de grippe aviaire », reconnait Bertrand Pinel. Développer la diversité au sein des systèmes de production est source d’innovation technique mais aussi sociale. « Ainsi, si on veut redéployer de l’hétérogénéité paysagère, tous les compromis ne sont pas à chercher au seul niveau des exploitations agricoles individuellement, indique Muriel Tichit. Il convient de mettre en place une nouvelle articulation, une coordination, entre exploitations. Par la création de clusters d’exploitations agricoles par exemple. Ou par la constitution, comme aux Pays-Bas, de coopératives environnementales associant les agriculteurs et les autres acteurs du territoire pour tenter de résoudre un problème ensemble. Des innovations de ce type émergeront peut-être des GIEE », les groupements d’intérêt économique et environnemental. Anses : Agence nationale de sécuritaire sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail Inra : Institut national de recherche agronomique