Biodiversité : une batterie d’actions pour accompagner la loi
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Alors qu’elle sera auditée le 2 juin par la commission développement durable du sénat, en vue de l’examen du projet de loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages la semaine du 6 juillet, Ségolène Royal continue de préparer sa loi. La ministre de l’Ecologie a présenté le 20 mai en conseil des ministres des actions d’accompagnement de cette loi, dont un plan national : France, terre de pollinisateurs. « Le travail fourni par les pollinisateurs est estimé à 1,5 milliards d’euros. Pour continuer à bénéficier de ce service gratuit, un plan national d’action s’imposait », a affirmé Ségolène Royal devant la presse le 19 mai. « France, terre de pollinisateurs » s’intéresse en premier lieu aux abords des 12000 kilomètres de réseau routier, « soit la surface de l’ensemble des parcs naturels de France » selon la ministre, sur lesquels seront semées des jachères fleuries et un fauchage tardif appliqué, dans l’objectif d’augmenter de 30 % les populations de pollinisateurs sur ces zones. Par ailleurs, les territoires à énergie positive (Lire notre article : Territoires à énergie positive pour la croissance verte : 200 lauréats ) seront sollicités pour mettre en place un volet apicole pédagogique dans leur programme : 5000 gîtes à insectes et ruchers devraient être installés. Enfin, l’Inra et l’Office national des forêts, ONF, se sont engagés à apporter leurs compétences à ce plan ambitieux dont le but est d’atteindre « zéro perte d’espèce de pollinisateur ». Aucune échéance n’a cependant été annoncée. Le projet est mis en consultation publique. A côté de ce plan, Ségolène Royal revendique une série d’autres actions en marge de la loi. La Stratégie nationale biodiversité et son dispositif d’engagement seront relancés alors que la démarche « Terre Saine, commune sans pesticide », qui vise à anticiper l’interdiction des pesticides pour les collectivités au 1er janvier 2017, se poursuit. Autre annonce de Ségolène Royal : « Dans le cadre des investissements d’avenir, 60 millions d’euros seront consacrés à la biodiversité et à l’eau pour dynamiser la croissance verte et bleue. » Enfin, la ministre a exprimé sa conviction que les néonicotinoïdes seraient à termes totalement interdits, et a présenté son action dans ce sens (Lire notre article : Néonicotinoïdes : Ségolène Royal convaincue d’une interdiction totale à terme). Elle a par ailleurs indiqué que le premier conseil d’administration de l’Agence française de la biodiversité se tiendrait en janvier 2016. Les abeilles et les néonicotinoïdes font réagir L’annonce d’un plan sur les abeilles a suscité des réactions. Elle est jugée encourageante par l’Unaf, qui salue aussi la posture de la ministre à l’encontre des néonicotinoïdes. « Les apiculteurs attendent des précisions pour évaluer l’ampleur des avancées », précise malgré tout le syndicat, qui s’interroge notamment sur le calendrier de ce plan d’actions. Si l’UIPP, union des industrie de protection des plantes, dit accueillir favorablement toute initiative visant à préserver les insectes pollinisateurs, elle affirme néanmoins refuser la stigmatisation des néonicontinoïdes et s’oppose à « toute mesure arbitraire basée sur l’application du principe de précaution susceptible de fragiliser la filière agricole dans son ensemble. » Ce plan d’actions national pour les abeilles n’est « pas à la hauteur des enjeux, » pour Laurence Abeille, députée du Val-de-Marne, Brigitte Allain, députée de Dordogne et Joël Labbé sénateur du Morbihan et auteur de la loi sur le zéro phyto en ZNA, qui cosignent un communiqué commun. S’ils se réjouissent également de la position française vis-à-vis des néonicotinoïdes, ils regrettent que le plan « laisse de côté la majeure partie du territoire. » Pour le Réseau biodiversité pour les abeilles (RBA), la généralisation de la gestion des bords de routes en faveur des abeilles est « un signal positif », la ressource en pollen et en nectar, étant pour RBA une piste majeure pour sortir de la crise apicole. Pour France Nature Environnement, « les abeilles méritent mieux qu’un bord de route ». L’association dénonce « un plan national bien trop timide au regard de l’enjeu et de l’urgence ».