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L’Institut Carnot développe des projets public-privé sur les bioénergies

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L’Institut Carnot 3BCar, dédié à la bioéconomie, organise le 12 mars 2019 à Paris un forum d’échanges entre les scientifiques et les entreprises sur les bioénergies. « Le réseau des instituts Carnot est né il y dix ans, sur un modèle identique à l’Allemagne, pour développer la recherche partenariale entre les scientifiques, notamment de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), et le secteur privé. Il compte aujourd’hui 38 réseaux Carnot : les projets visent à transformer les avancées scientifiques en innovations commercialisées », précise Jean Tayeb, directeur adjoint de 3BCAR. Un acronyme qui signifie « Bioénergies, biomolécules, matériaux biosourcés pour la valorisation du carbone renouvelable ».

Méthanisation : Augmenter le potentiel des Cives

3BCAR a présenté des nouveaux projets, notamment sur les bioénergies, le 1er mars au Salon de l’agriculture. Par exemple, celui sur les Cultures intermédiaires à valorisation énergétique (Cive) pour la méthanisation, porté par le Laboratoire de biotechnologie de l’environnement, LBE, de l’Inra de Narbonne, et GRDF. Né en 2016, le partenariat vise à améliorer le potentiel méthanogène des Cives. Les équipes tentent de trouver des enzymes ou des microorganismes capables de dégrader la lignine des végétaux.

« L’objectif est de réaliser des prétraitements des Cives afin de les rendre plus facilement dégradables », explique Hélène Carrère, directrice de recherche à LBE. Autre piste : optimiser le stockage des Cives. Les scientifiques étudient l’influence de plusieurs paramètres sur la qualité de l’ensilage pour définir des conditions optimales de stockage. « Les premiers résultats sur le miscanthus ont montré qu’il est possible d’augmenter le potentiel méthanogène de 22 % », ajoute Hélène Carrère.

Gérer la biomasse sur un territoire

Toujours sur l’énergie, le projet Agricarbone, lancé en juin 2018, fait partie du parcours Start up de 3BCAR. « Nous finançons en première année une journée de consultance de l’ordre de 2000 euros, poursuit Jean Tayeb. Si le projet prend forme, nous accordons une enveloppe de 25 000 euros sur deux ans. » Porté par deux jeunes ingénieurs d’AgroParisTech, Agricarbone tend à créer un outil de collecte et de distribution durable de la biomasse agricole non alimentaire (pailles, menues-pailles, rafles, Cives, etc.) et de coproduits industriels (cendres, digestats, etc.).

« Une chaufferie biomasse nous a contacté car elle voulait 1500 tonnes de pailles, explique Amaury de Souancé, cofondateur de la société. Mais elle trouvait complexe de communiquer avec le monde agricole : trop d’acteurs, peur de la variabilité de la production, marché opaque, etc. » Agricarbone a décidé de se positionner comme interface pour gérer l’approvisionnement en biomasse. La société suit la logistique et la traçabilité des agriculteurs fournisseurs de matière première. La structure affiche déjà un chiffre d’affaires supérieur à 100 000 euros. « Si nous augmentons les volumes gérés, nous pourrons développer une interface web pour mettre en face les offres et les demandes en matière de biomasse », ajoute Amaury de Souancé.

Réduire l’empreinte environnementale des produits biosourcés

Dans un autre registre, le projet du Laboratoire chimie agro-industriel, LCA, de l’Inra de Toulouse, et de la société Authentic material, créée il y a deux ans, propose de transformer la biomasse sans faire appel aux procédés chimiques et en favorisant le chemin le plus court possible. « Nous utilisons la thermocompression uniaxale pour concevoir des produits 100 % naturels, explique Antoine Rouilly, maître de conférences et chercheur à LCA. Nous valorisons des coproduits comme la laine, le cuir, les cornes, etc. » Car même si les produits biosourcés sont issus de matière renouvelable, l’objectif est de réduire l’empreinte environnementale durant tout le cycle de fabrication du produit. Ces agromatériaux trouvent des débouchés dans l’industrie du luxe, l’horlogerie ou la coutellerie.