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Blockchain : « la traçabilité des données apparait comme une priorité ultime »

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Référence environnement : Qu’est-ce que la blockchain ?

Yaël Rozencwajg : C’est d’abord une technologie qui permet d’opérer des transactions virtuelles en “peer to peer” sans passer par un organisme tiers et certifier les échanges de manière sécurisée. Mais la blockchain va aussi aider à tracer l’origine et la provenance des produits. Dans un paysage alimentaire aujourd’hui mondialisé et grandissant de plus de 20 % par an, la traçabilité des données et des transactions apparaît comme une priorité ultime. L’objectif aussi est de relier de manière numérique les maillons de la chaîne et de partager les données.

R.E. : Pourquoi s’intéresser à l’agriculture ?

Y.R. : Il y a un véritable souci de confiance du consommateur envers son alimentation. Il demande davantage de traçabilité sur la manière dont les aliments ont été produits, stockés et livrés, parfois très loin de sa zone d’habitation. Des scandales alimentaires éclatent fréquemment, comme l’affaire des œufs contaminés au fipronil. Les consommateurs ont besoin d’être rassurés. Le producteur doit apporter la preuve de ses pratiques. La démarche est déjà en route. En effet, les agriculteurs utilisent de plus en plus des outils de pilotage pour l’irrigation, la fertilisation, la gestion des ravageurs. Ce qui engendre des données numériques qui peuvent être portées à la connaissance du citoyen.

R.E. : Quelles sont les difficultés du monde agricole pour aller vers cette technologie ?

Y.R. : Le problème est que le secteur agricole est à géométrie variable : beaucoup de fermes sont encore très familiales dans le monde, alors que d’autres sont industrielles. Par ailleurs, la blockchain nécessite de disposer d’une base internet dans son champ et que les données des objets de pilotage soient compatibles. Et puis, ces solutions coûtent chères et le stockage de l’information consomme beaucoup d’énergie. Mais je reste persuadée que les exploitations qui ne vont pas se digitaliser risquent peu à peu de mourir. Il faut que les agriculteurs se rassemblent autour du digital et que les entreprises partenaires les soutiennent.