BreedWheat, des blés adaptés à une agriculture plus durable
Le | Recherche-developpement
Après neuf ans de travaux, le projet BreedWheat, réunissant 28 partenaires publics et privés, a dressé son bilan au cours d’une webconférence organisée le 4 décembre. Objectif initial : améliorer les variétés de blé tendre face aux changements climatiques. Et les résultats semblent être au rendez-vous.
Depuis la fin des années 90, les rendements de blé tendre connaissent une stagnation due au changement climatique alors même que le progrès génétique continue d’avancer. Dans le cadre du projet de recherche BreedWheat, lancé en 2011, 28 partenaires publics et privés* se sont penchés sur le séquençage génomique du blé tendre, afin de sélectionner des variétés améliorées qui correspondent aux besoins des sélectionneurs et des producteurs. Le bilan de ce projet a été présenté le 4 décembre.
Plus de 5000 nouvelles lignées
La stratégie développée par BreedWheat consiste à identifier des régions du génome dédiée au rendement et à la qualité en situation de stress abiotiques et biotiques, et développer des outils et du matériel végétal innovants pour optimiser l’utilisation des ressources génétiques. Grâce à ce programme, plus de 5000 lignées recombinantes ont été créées. Issues du croisement entre neuf lignées exotiques, sélectionnées parmi les 12 000 du Centre de ressources biologiques de Clermont-Ferrand, et des variétés « élites », elles représentent une nouvelle diversité plus tolérante aux stress générés par les changements climatiques. Caractérisées à l’aide de plus de 60 000 parcelles d’essais, elles permettront de « bien armer les semenciers et ainsi bénéficier aux producteurs » estime Jean-Pierre Cohan, chef du service phénotypage par capteurs chez Arvalis. « Nous avons fait le pont entre banques de gènes et programmes de sélection » ajoute Jeremy Derory, directeur de recherche à Limagrain.
Un travail de fond sur le génome
BreedWheat a pu également identifier des gènes impliqués dans la synthèse des protéines de réserve du grain. « La teneur en protéine, caractère complexe, a une relation négative avec le rendement, explique Jacques Le Gouis, coordinateur du projet. Nous avons réussi à identifier des régions du génome permettant d’augmenter le taux de protéines sans modifier le rendement. » Plus globalement, le programme a participé à l’effort international de séquençage du génome du blé tendre, en lien avec la Wheat Initiative lancée en 2011, et a caractérisé plus de 13 000 accessions.
De nouveaux outils pour les semenciers
De nouveaux outils ont également vu le jour. Un modèle écophysiologique carbone-azote (CN-Wheat), capable de simuler la période post-floraison du blé, a été développé. Une plateforme informatique a été créée, pour la construction et l’analyse de réseaux d’interaction des gènes, permettant d’identifier des gènes d’adaptation aux stress biotiques et abiotiques. De quoi faciliter le travail des semenciers et « intégrer le levier génétique comme pierre angulaire des systèmes de culture », espère Jean-Pierre Cohan.
*Inrae, Geves, Arvalis, Vegepolys valley, Agri-Obtentions, Basf, BiogemmaCaussade, Florimond Desprez, Limagrain, EuropeKWS, Momont, Ragt 2n, Secobra, Recherches Syngenta