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Carbone dans les sols, l’UICN chiffre les bénéfices mondiaux du « 4 pour 1000 »

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Accroître de 0,4 % la teneur en carbone des sols permettrait des augmentations potentielles de rendements de maïs, blé et riz équivalentes à 132 milliards de dollars. Des effets bénéfiques seraient également à prévoir en matière de stockage de l’eau dans les sols. Ces chiffres sont avancés par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), dans un rapport publié le 8 septembre.

Carbone dans les sols, l’UICN chiffre les bénéfices mondiaux du « 4 pour 1000 »
Carbone dans les sols, l’UICN chiffre les bénéfices mondiaux du « 4 pour 1000 »

« Les données de ce rapport démystifient l’idée selon laquelle la conservation de la nature et la production alimentaire mondiale sont un jeu à somme nulle », explique Bruno Oberle, le directeur général de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Dans un rapport publié le 8 septembre, l’organisation met en avant les nombreux bénéfices qui pourraient découler de l’adoption généralisée de pratiques agricoles durables. Selon le document, une augmentation annuelle de 0,4 % de la teneur en carbone dans les sols agricoles chaque année, comme le promeut l’initiative 4 pour 1000, d’ici à 2050, profiterait très largement aux cultures de maïs, blé et riz. Ces dernières pourraient voir leurs rendement augmenter, respectivement, de 23,4 %, 22,9 et 41,9 % chaque année. Soit près de 132 milliards de dollars de bénéfices supplémentaires.

Des économies de 600 milliards de dollars

C’est la première fois que la valeur monétaire potentielle de l’adoption à grande échelle de méthodes d’agriculture durable est quantifiée. Cette augmentation de 0,4 % de carbone stocké dans les sols équivaudrait à un milliard de tonnes supplémentaires par an, soit 10 % des émissions mondiales de carbone d’origine humaine. L’économie représentée par ces chiffres serait colossale : près de 600 milliards de dollars chaque année sur la période 2020-2050.

Réduction des besoins en irrigation

Le rapport « Notre terrain d’entente : rétablir la santé des terres pour une agriculture durable » s’est également intéressé à la question de la ressource en eau. Selon lui, l’augmentation de la teneur en carbone des sols permettrait à ces derniers de stocker 37 milliards de m3 d’eau en plus, réduisant de 4 % les besoins en irrigation au niveau mondial. Cela représenterait une économie de 44 milliards de dollars. Pour aboutir à ces résultats, le document plaide pour la montée en puissance de pratiques agroécologiques, comme l’agroforesterie, l’agriculture de conservation, l”utilisation de fumier ou de paillage. Pour faciliter cette transition, l’UICN en appelle à la rémunération des services rendus par les agriculteurs. « Nous devons cesser de penser à l’agriculture uniquement en termes de nourriture, de fibres et de combustibles, et plutôt encourager et récompenser ces services supplémentaires que les agriculteurs fournissent à la société », estime ainsi Ludovic Larbodière, expert principal en agriculture et environnement à l’UICN.