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Carbone dans les sols, l’Inrae et Planet A construisent un indicateur

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Créer un indicateur, à l’échelle mondiale, pour mesurer le carbone stocké dans les sols agricoles : c’est l’objectif du projet Soccrop, porté par l’Inrae et le collectif Planet A. Celui-ci sera construit notamment à partir de données satellitaires analysant la durée de couverture des sols. L’outil devrait être mis à disposition du secteur agricole début 2022.

Carbone dans les sols, l’Inrae et Planet A construisent un indicateur
Carbone dans les sols, l’Inrae et Planet A construisent un indicateur

La mesure du carbone stocké dans les sols est au cœur de plusieurs programmes de recherche. Après l’initiative de Sols vivants en fin d’année dernière, c’est au tour de l’Inrae et du collectif Planet A de présenter leurs ambitions en la matière. Objectif des deux structures : créer un indicateur mondial d’évolution du stock de carbone dans les sols agricoles. « Nous entendons renouveler l’approche du bilan carbone dans les sols, résume Jean-François Soussana, vice-président de l’Inrae et expert du Giec, lors d’une visio-conférence organisée le 9 avril. Nous butons encore sur la méconnaissance de l’évolution de ces stocks dans les sols mondiaux, le consensus était de dire qu’ils étaient stables. Nous pensons au contraire que les situations sont très diverses et c’est pour cela que nous travaillons à la mise en place d’un indicateur. » Celui-ci devrait être mis à disposition du secteur agricole début 2022.

Mesurer la durée de couverture végétale des sols

Pour cela, le projet Soccrop a été lancé en tout début d’année, pour une durée de deux ans. L’objectif est de mieux comprendre l’influence de la couverture végétale sur les flux de carbone entrant et sortant des sols. Les chercheurs auront recours à des méthodes de télédétection afin de réaliser des cartographies haute définition des sols pour mesurer la durée où ces derniers sont couverts. « Ce projet est possible maintenant grâce à l’arrivée de satellites nouvelle génération, comme les Sentinels de l’Agence spatiale européenne dont nous utiliserons les données », explique Eric Ceschia, directeur de recherche Inrae au sein du laboratoire Cesbio*. Avec son équipe, ce dernier a déjà mis en évidence le lien direct entre durée annuelle de couverture végétale des sols cultivés et accumulation de carbone pour les grandes cultures en Europe. « Il y a un consensus sur le fait qu’on n’arrivera pas à tenir les engagements de l’Accord de Paris si le secteur agricole n’est pas mobilisé et le premier enseignement est qu’il ne faut plus laisser les sols nus », indique Philippe Mauguin, président directeur général de l’Inrae.

Une première carte de France pour l’été

Le travail de cartographie a déjà commencé sur plusieurs zones dans l’Ain, en Normandie et dans la région Toulousaine. La présentation d’une première carte pour la France est prévue pour mi-2021. L’objectif est cependant bien, grâce à ces données satellites, d’avoir un indicateur à l’échelle mondiale. « Dans une dizaine d’années, nous aurons assez de recul pour voir où la couverture végétal augmente et donc où le carbone est davantage stocké », précise Jean-François Soussana.

Vers la mise en place d’un consortium international

Les partenaires souhaitent par ailleurs que les décideurs publiques se saisissent de ces travaux. « Beaucoup de recherches s’attardent sur les sols agricoles, mais si l’on veut que les politiques publiques, et notamment la Pac, s’en emparent, il nous fallait un élément de suivi, indique Philippe Mauguin, président directeur général de l’Inrae. Ce pari est en passe d’être gagné, la mesure à horizon dix ou vingt ans était un vrai casse-tête, mais le recours à ces images satellitaires pourrait être la clé. » Pour pousser davantage leurs travaux, les partenaires vont mettre en place un consortium international sur le carbone du sol, soutenu par la Commission européenne, en 2022. Celui-ci devrait permettre de constituer une base de données, à disposition des agriculteurs partout dans le monde.

*Centre d’études spatiales de la biosphère