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Changement climatique : les solutions pour l’agriculture existent

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Aboutir à un nouvel accord international sur le climat, applicable à tous les pays, dans l’objectif de maintenir le réchauffement mondial en-deçà de 2° C. L’enjeu de la 21ème Conférence des parties de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (Cop 21), que présidera notre pays du 30 novembre au 11 décembre 2015, est ambitieux. L’agriculture, troisième émetteur de gaz à effet de serre (GES) après le transport et l’industrie, est appelée à contribuer à cet objectif. Et pour l’ensemble des intervenants de la table ronde organisée le 27 janvier par le groupe Terre-Ecos (Campagnes et environnement, Référence environnement), il faut agir vite. Dix actions pour avancer dès maintenant Les solutions existent et certaines, qui relèvent du domaine de l’agronomie, se révèlent simples à mettre en œuvre et peu coûteuses. Les dix actions d’atténuation identifiées par l’Inra en 2013, qui connaissent un consensus scientifique et permettent de passer à l’action, ne remettent pas en cause les systèmes de production, ni les niveaux de production. « Les pratiques à renforcer, que nous mettons en avant, sont des pratiques connues et, pour grand nombre d’entre elles, développées depuis longtemps par des producteurs », précise Jérôme Mousset, chef du service agriculture et forêt de l’Ademe(1). Ainsi, l’Ademe note une évolution significative de la gestion des effluents d’élevage, avec entre autres un développement de la méthanisation à la ferme. Des progrès sont également enregistrés au niveau de l’alimentation des animaux et de la fertilisation minérale. Les cultures intermédiaires sont quant à elles passées de 7,8 % en 2006 à 11,3 % en 2011. Enfin, le non-labour se développe et l’agroforesterie a gagné 3 500 ha entre 2007 et 2013. Deux actions identifiées par l’Inra sont cependant en recul. « Nous pouvons regretter le retournement des prairies de ces dernières années, lié aux diminutions de cheptel, et le taux de légumineuses, qui a atteint un niveau très bas en France : 3 % en 2012, contre 17 % en 1960  », souligne Jérôme Mousset. Privilégier une approche intégrée multi-enjeux Proposer des actions qui font consensus sur les différents enjeux environnementaux fait également partie des préoccupations des différents intervenants. L’agriculture est un tout et les réponses apportées doivent être globales et intégrées. Pour Michel Doreau, directeur de recherches de l’Inra, mieux vaut par ailleurs ne pas présenter les actions que sous le seul intérêt économique : « Nous devons montrer au producteur ce qu’il fait gagner à la planète ». Sur ce point, Philippe Collin ne peut qu’acquiescer. L’unité de méthanisation de cet agriculteur de Haute-Marne, en fonctionnement depuis quatre ans, ne présente aucune rentabilité. La poursuite du projet, avec une orientation vers la méthanisation de déchet agricole ou de biodéchet, ne se fait que par conviction environnementale. Lever les freins au changement Pour Christophe Roturier, directeur scientifique de WWF, « les changements, c’est toujours compliqué, et pas seulement dans le monde agricole. Mais les solutions existent et franchir le pas est possible, des exemples le montrent. Nous avons tous un potentiel pour aider à ce changement et nous devons nous mobiliser rapidement pour contribuer à lever les freins existants. » (1) Ademe : Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie. Voir aussi notre article : 18 % des émissions de GES sont agricoles, selon des estimations du Citepa