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CIRAA 2021, une mobilisation collective face à la progression des résistances aux insecticides

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Du 26 au 28 octobre à l’Institut Agro à Montpellier se tenait la douzième édition du carrefour international sur les ravageurs et auxiliaires en agriculture (CIRAA), organisé par Végéphyl, l’association pour la santé des végétaux. L’occasion de faire le point avec l’Anses sur les résistances aux insecticides.

CIRAA 2021, une mobilisation collective face à la progression des résistances aux insecticides
CIRAA 2021, une mobilisation collective face à la progression des résistances aux insecticides

« Dans un contexte de diminution des produits phytosanitaires disponibles, nous devons tous être vigilants sur les phénomènes de résistance aux insecticides. » Les propos de Franck Radet, évaluateur scientifique à l’unité Evaluation de l’efficacité des intrants du végétal de l’Anses, ont le mérite de rappeler les bases lors de la douzième édition du carrefour international sur les ravageurs et auxiliaires en agriculture (CIRAA), organisé par la plateforme d’échanges sur la santé des végétaux Végéphyl, à l’Institut agro de Montpellier du 26 au 28 octobre.

Deux nouveaux cas de résistance aux pyréthrinoïdes chez les pucerons

Dans le cadre des plans de surveillance diligentés par la DGAL, l’Anses a identifié deux nouveaux cas de résistance aux pyréthrinoïdes en France. Le premier concerne le puceron ravageur des grandes cultures et vecteur de la Jaunisse nanisante de l’Orge (JNO), Sitobion avenae. Un cas de résistance KDR [pour knock-down resistance, une mutation au niveau du site de fixation de l’insecticide, NDLR] a été observé dans le département du Nord. « La cause de l’émergence reste à déterminer, la surveillance doit s’intensifier », explique Laetitia du laboratoire de Lyon de l’unité Résistance aux produits phytosanitaires de l’Anses. Un premier cas avait été identifié au Royaume-Uni en 2011.

Le second cas de résistance concerne le flonicamide et le puceron cendré du pommier. Sur quatre années de surveillance, 60 % des prélèvements d’insectes ont révélé au moins un individu résistant. Neuf départements sont concernés : Corrèze, Deux-Sèvres, Dordogne, Indre-et-Loire, Loire-Atlantique, Loiret, Lot-et-Garonne, Tarn-et-Garonne, Vendée. Les suivis du puceron vert du pois et du puceron noir de la fève n’ont révélé aucun phénomène de résistance à ce jour, ni en France, ni dans le monde.

Sur colza, les résistances progressent

« Nous voyons l’émergence d’une population d’altise résistante aux pyréthrinoïdes qui s’étend sur toute l’Europe », alerte Céline Robert, chargée d’études ravageurs des cultures et faune auxiliaire chez Terres Inovia. Sur l’ensemble des coléoptères ravageurs du colza en France, les méligèthes sont considérées comme résistantes sur tout le territoire. Chez l’altise d’hiver et le charançon du bourgeon terminal, les résistances aux pyréthrinoïdes progressent, notamment pour l’altise d’hiver dont certaines populations présentent un fort niveau de résistance (SKDR pour knock-down resistance). Sur le charançon du bourgeon terminal, deux mécanisme de résistance ont été identifiés, dont une forte suspicion de résistance métabolique par détoxification. Ce second mécanisme présente des capacités de résistance encore plus importantes que la mutation de cible (KDR et SKDR).

Une mobilisation collective

« Merci à l’ensemble des collecteurs qui se sont mobilisés sur le terrain », précise Céline Robert, faisant écho au message d’ouverture de Franck Radet. Les structures de suivi et d’évaluation sont sur le pont et tous les acteurs collaborent, qu’il s’agisse de la distribution agricole ou des instituts techniques. Végéphyl participe activement au réseau d’information et d’alerte, notamment grâce à son groupe dédié à la résistance, mais aussi avec sa commission sur les essais biologiques. Une mobilisation indispensable pour prévenir et surveiller la progression des résistances sur le terrain. Car au niveau des utilisateurs, il devient de plus en difficile de respecter les bonnes pratiques d’application, en alternant les molécules et les modes d’action, tellement la liste des solutions phytosanitaires disponibles s’amenuise.