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Circuits courts : des producteurs très motivés, mais parfois freinés

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«  Les incitations financières et l’espoir de gagner de la valeur expliquent les motivations des agriculteurs à entrer dans un mode de commercialisation en circuit court, mais ne sont pas les seules ». Telle est l’analyse de Jean-Baptiste Traversac, ingénieur d’étude à l’Inra de Versailles, lors d’une conférence à l’école d’ingénieur Esitpa de Rouen le 7 décembre (1). Selon les études qualitatives du chercheur, les producteurs en circuit court sont ainsi très motivés par de moindres aléas par rapport aux schémas de distribution plus répandus qui incluent de nombreux intermédiaires. Ces vendeurs en direct de leurs productions apprécient aussi de mieux contrôler l’image de leurs produits et mieux diversifier leur offre face aux consommateurs. Parmi les autres motivations, le fait de retrouver du pouvoir de négociation, de reterritorialiser l’agriculture ou encore une plus grande satisfaction personnelle. Des contraintes A l’inverse, Jean-Baptiste Traversac met le doigt sur certains freins au développement des circuits courts comme notamment le besoin de fournir une offre la plus variée possible au consommateur ou encore l’éloignement des routes et le trafic particulièrement contraignants pour ces producteurs se trouvant souvent en zones périurbaines. D’autres freins sont ensuite liés au mode de circuit court adopté. Le manque d’implantation de points de vente peut limiter par exemple la commercialisation en collectifs de producteurs. Le chercheur estime par ailleurs que la vente en circuit court via la grande distribution est un bon moyen de développer l’activité du producteur en lui donnant une grande visibilité. Mais les difficultés d’accéder seul aux rayons sont multiples, notamment en raison d’une moindre capacité logistique de l’agriculteur. 90 500 exploitants commercialisent en direct Malgré son constat d’un manque cruel de statistiques en France sur les circuits courts, Jean-Baptiste Traversac a par ailleurs rappelé que selon le dernier recensement agricole, 90 500 exploitations agricoles françaises commercialisaient une partie de leur production en direct en 2010. Si ce chiffre est régulièrement en baisse, comme l’ensemble des exploitations agricoles, on peut constater que la part du circuit court a augmenté en dix ans : 15 % en 2000 contre 18 % en 2010. Jean-Baptiste Traversac a également rappelé que les circuits courts étaient surtout présents dans certaines productions - horticulture, viticulture, arboriculture et maraîchage - où ils deviennent même le mode de commercialisation dominant. La moitié des producteurs de vins de qualité commercialisent ainsi en circuit court, tout comme près de la moitié des maraîchers et plus de 40 % des arboriculteurs. Laurent Caillaud (1) Cycle de conférences Graines de sens coorganisé par l’Esitpa et le Syrpa (association de communicants en agriculture)