Le colloque « L’agriculture face au changement climatique », organisé par Arvalis Institut du végétal le 14 octobre 2015, a offert l’opportunité pour les instituts techniques de détailler l’impact du changement climatique, espèce par espèce. Tour d’horizon.
- Betteraves, les rendements stimulés
« Les rendements des parcelles de betterave augmentent en moyenne de
2 % par an, et le climat y contribue pour moitié », selon Fabienne Maupas, agronome à
l’ITB, l’Institut technique de la betterave. Elle émet l’hypothèse que les plantes à racines sont moins sensibles aux variations du climat. Elles profitent de l’augmentation des températures, qui induisent la possibilité de semer plus tôt, et de l’augmentation du rayonnement intercepté par la partie aérienne de la plante.
- Colza : des insectes plus présents, une implantation à surveiller
Pour le colza, la période-clé est celle de l’implantation, qui pourrait être desservie par un lit de semences sec, possible conséquence d’un réchauffement des sols en période de semis. L’adaptation des
ravageurs aux changements climatiques est un autre problème : « L’altise, par exemple, connait désormais deux vols par cycle de culture, au lieu d’un », remarque André Merrien, directeur des études et recherches de
Terres Inovia. Côté positif : la floraison précoce du colza « ouvre des pistes de réflexion dont les colzaïculteurs pourraient tirer parti. »
- Tournesol : des cycles accélérés
Dans les parcelles de tournesols, on constate une accélération du cycle de culture, jusqu’à
9 jours gagnés au moment de la récolte. « Ce phénomène est intéressant dans la perspective d’une démarche de trois cultures en deux ans », remarque André Merrien. La
fertilité des pollens, amoindrie à partir de 35-37 °C, et le facteur limitant « eau » sont toutefois mis en avant.
- Céréales : la chaleur plus pénalisant que le manque d’eau
Pour le blé, plus que le facteur « eau », un réchauffement global de 2 °C pourrait surtout avoir un impact sur la
photosynthèse, avec pour conséquence le raccourcissement du cycle et une moindre qualité des grains. Selon
Arvalis, le nombre de jours qui excède 25 °C a augmenté de 25 % en trente ans. Problématique, pour une culture de climat tempérée comme le blé… Concernant le maïs, Jean-Charles Deswarte, ingénieur chez Arvalis, estime que le changement climatique entraîne un ralentissement des rendements, surtout dans le sud-ouest de la France. « Travailler l’accès à l’eau, et chercher via la génétique à augmenter la tolérance au stress chaud » sont des pistes mises en avant par le spécialiste.
- Prairie : des problèmes de calendrier, pas de quantité
Plus d’herbe au printemps, et plus tôt. Autant d’herbe à l’automne, mais sur une période légèrement plus longue. Et entre ces deux périodes, un « creux » estival plus prononcé. Voilà l’effet du changement climatique sur la production d’une
prairie. « En quantité, il n’y a pas de déperdition sur l’année, selon les spécialistes de l'
Idele, l’Institut de l’élevage. Mais le creux estival, à un moment où le bétail est sorti, et les décalages des périodes productives nécessitent une adaptation pour les éleveurs. »