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Concept One Health, la ligne à suivre en santé animale et végétale

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Le concept de One Health est plus que jamais d’actualité pour mieux gérer les crises zoonoses. Lors de l’Assemblée générale de l’Acta organisée en visioconférence le 19 juin, Pascal Boireau de l’Anses et André Fougeroux membre de l’Académie d’agriculture ont livré leur analyse pour une meilleure santé animale et végétale.

Photo IFIP - © D.R.
Photo IFIP - © D.R.

Le concept « One Health » peut-il rénover l’approche de la santé animale et végétale ? Cette question a été posée lors de la partie partagée de l’Assemblée générale de l’Acta, organisée en visioconférence, le 18 juin. Pour y répondre, deux experts : Pascal Boireau, directeur du laboratoire de santé animale de l’Anses et coordinateur du DIM One Health et André Fougeroux, membre de l’Académie d’Agriculture, président de la Commission « ravageurs et auxiliaires » de Végéphyl. L’approche One Health - Une seule santé, un seul monde - prend actuellement tout son sens, que ce soit en santé des plantes, santé animale et de l’homme, car tout est connecté. « Dans le cadre d’une maladie infectieuse, qu’elle soit d’origine animale ou humaine, il y a toujours un facteur d’amplification, souligne Pascal Boiteau, et dans la majorité des cas, elle est liée à l’activité humaine, notamment avec l’accélération des échanges internationaux. » Pour lui, la crise planétaire de la maladie Covid 19 s’est déployée dans des conditions idéales de tempête : « absence de prévention, en l’occurrence les masques, absence de moyens de lutte, le vaccin et un facteur d’accélération : l’avion.

Renforcer la surveillance active sur le terrain

Quel enseignement alors tirer de ces crises sanitaires, pour mieux les contrôler ? Au-delà d’une approche pluridisciplinaire, la réponse se trouve du côté de la surveillance : s’appuyer sur des dispositifs d’analyse scientifique, ce qu’il appelle la surveillance passive, mais aussi sur une surveillance active en prise directe avec le terrain et menée en concertation. Pour Pascal Boiteau, elle doit être « véritable et économique » afin d’interpréter le risque d’émergence et de pouvoir agir rapidement. Pour André Fougeroux, la surveillance en protection des plantes se découpe en quatre phases. L’alerte évite l’introduction de bioagresseurs, elle est bien réalisée par l’Anses. La découverte, c’est à dire quand le bioagresseur entre sur le pays par exemple avec les porte-containers, manquent par contre clairement de moyens. Enfin la surveillance et la mise en place de mesures adaptées permettent d’endiguer la progression.

La protection intégrée répond au principe One Health

Quant à l’approche One Health en protection des cultures, André Fougeroux, rappelle que seule la protection intégrée des cultures (PIC), concept porté depuis de nombreuses années par l’Acta, l’OILB et la FAO, est viable car aucune solution ne résout, à elle-seule, durablement un problème phytosanitaire. L’idée n’est pas nouvelle comme le montre la citation de P. Marchal dès 1940 : « Ce n’est que par la combinaison rationnelle des méthodes que dans le domaine de la lutte contre les grands ennemis des cultures, on peut espérer le succès ». Pour André Fougeroux, ces solutions combinatoires pour garantir l’état sanitaire des cultures doivent progressivement suivre la règle : « Ne plus détruire mais empêcher »  Comment ? D’abord en connaissant bien la biodiversité, le rôle du sol et de la nutrition sur la santé des végétaux. En privilégiant, en amont, toutes les méthodes prophylactiques, en jouant sur les interactions entre la parcelle et ses bordures, en introduisant de nouvelles pratiques agronomiques avec les plantes compagnes répulsives ou attractives, les couverts végétaux… Le besoin d’interventions ciblées avec les produits phytosanitaires conventionnels, notamment vis-à-vis de nouveaux bio-agresseurs, reste néanmoins essentiel. D’autant que des résistances émergent et que le nombre de molécules disponibles reculent alors même que les solutions alternatives comme le biocontrôle demandent du temps de recherche. La gestion des équilibres des espaces cultivés doit être repensée de manière holistique. « Les instituts techniques agricoles ont pris le virage et sont résolument engagés sur ces enjeux de santé et de biodiversité ; la recherche appliquée agricole en prise avec les attentes sociétales accompagne les agriculteurs et ceux qui les conseillent dans la transition agroécologique », a conclu Anne-Claire Vial, présidente de l’Acta.

 

DIM : Domaine d’intérêt majeure

OILB : Organisation internationale de lutte biologique

 

  • Donner plus de visibilité hors secteur agricole sur le rôle des Instituts techniques

Au cours de l’Assemblée générale de l’Acta, Jean-Paul Bordes, directeur général, a insisté sur la campagne d’actions de communication intense menée  en 2019 pour mieux faire connaitre le champ d’action du réseau des instituts techniques agricoles. Car si le réseau est reconnu au niveau européen, avec un taux de réussite aux appels à projet européens de près de 30 % depuis plusieurs années, les travaux et impacts des instituts techniques agricoles restent encore trop souvent méconnus en dehors de la sphère agricole.

Anne-Claire Vial, présidente de l’Acta, souhaite que l’année 2020 marque de nouvelles orientations en particulier pour améliorer la reconnaissance et la visibilité scientifique des instituts techniques agricoles. “ Par leur indépendance, les instituts techniques agricoles contribuent à l’éclairage technique des grands débats sociétaux“.

Les quatre priorités d’actions pour l’Acta

  • Être force de proposition sur l’évolution du Casdar et construire le contrat d’objectifs et de performances 2021-2027 ;
  • Donner de la visibilité scientifique aux travaux des Instituts techniques agricoles ;
  • Décliner l’ambition numérique des ITA ;
  • Appuyer les ITA dans le montage de projets européens et dans les politiques R&D régionales