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Concurrence alimentaire Homme-animal : le GIS Élevages Demain éclaire le débat

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« L’élevage est majoritairement contributeur net de protéines ! » Le 17 octobre 2017 à Paris, Jean-Louis Peyraud, directeur scientifique adjoint agriculture de l’Inra synthétise les résultats d’un travail de deux ans mené dans le cadre du GIS Élevages Demain, groupement dont il est le président. L’enjeu est de taille : éclairer la compétition alimentaire entre l’animal et l’Homme, entre le « feed » et le « food ». « Nous avons voulu regarder de plus près les aliments qui étaient réellement en compétition, c’est-à-dire les kilos que l’animal mange et que moi humain j’aurais pu manger », continue-t-il.

L’efficience nette, indicateur d’une réelle compétition

Alors que la concurrence était habituellement calculée au kilo de protéines ou de calories - ainsi 2,5 à 10 kg de protéines végétales sont nécessaires pour produire 1kg de protéines animales ou encore 7 kcal en moyenne pour chaque kcal générée de produits animaux - le travail du GIS Élevages Demain met en lumière la part des matières premières végétales et animales réellement consommable par l’Homme. « C’est la différence entre l’efficience brute et nette, complète Sarah Laisse-Redoux, chargé d’étude et responsable du projet. Les efficiences nettes calculées sont plus favorables aux productions animales que les ratios d’efficience brute généralement utilisés. »

De 0,2 à 2kg de protéine produite par protéine consommée

Mais les explications sont différentes selon les filières comme l’explique Sarah Laisse-Redoux : « Pour les volailles, c’est l’indice de consommation élevé qui fait le résultat, alors que pour les porcs, c’est l’importance de la proportion consommable de la carcasse (95 %). Et dans le cas des bovins, c’est la part d’herbe dans la ration qui augmente l’efficience nette. » Ainsi, selon les modes d’alimentation, les résultats montrent que les monogastriques produisent entre 0.7 et 1.6 kg de protéines animales par kg de protéine végétale consommable par l’Homme, et les élevages bovins de 0,2 à 2 kg pour l’élevage laitier. Au niveau mondial, la FAO a estimé que 14 % de la ration donnée aux animaux était comestible et donc en compétition directe avec l’Homme, les ¾ de la ration étant constitué de résidus, fourrages et ensilages. À la traditionnelle maxime « il faut 10 kg de protéines végétales pour donner une protéine animale », le GIS Élevages Demain répond donc qu’il en faut 2 à 3 kg seulement… pour les élevages les moins efficients !