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Déclin des abeilles : faire progresser l'approche multifactorielle

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L’origine multifactorielle du déclin des abeilles ne fait plus débat au sein de la communauté scientifique. Chaque intervenant des sixièmes rencontres scientifiques « Santé des abeilles », organisées le 5 décembre à Pari par l’Anses, en a fait un préalable à sa présentation. La journée a montré que la recherche s’approprie ce postulat et s’organise pour mieux l’explorer.

De la complexité de croiser les facteurs

Les interactions entre différents facteurs de déclin des abeilles sont un champ de recherche de plus en plus travaillé. Marianne Coulon, doctorante à l’Anses, s’est penché sur la conjonction entre le virus de la paralysie chronique et l’ exposition au thiaméthoxam (néonicotinoïde) chez les abeilles. « Quand les deux facteurs coexistent, les effets sont délétères, mais complexes, expose-t-elle. Les doses de thiaméthoxam, le temps et les conditions d’exposition… influencent la tolérance des abeilles. »

Le big data, également déployé en apiculture

Investiguer sur le croisement de plusieurs facteurs implique en effet des processus expérimentaux complexes, multipliant les modalités testées. À ce titre, l’apiculture doit faire appel au même outil que les autres secteurs de production : le big data. « Chaque laboratoire compile un très grand nombre de données, commente Cyril Vidau, écotoxicologue à l’Itsap-Institut de l’abeille. Les traiter et les exploiter demandent des modèles sophistiqués. Nous travaillons par exemple sur un logiciel qui permettrait de calculer un « indice tox » à partir des paramètres relevés au sein d’une colonie. »

Un impératif : harmoniser les protocoles de recherches

Un outil bien pratique, mais qui ne peut être fonctionnel sans une condition sine qua non, évoquée tout au long de la journée : l’homogénéisation des protocoles de recherche. Tiphaine Havard, chercheuse à l’Anses, s’est intéressée à 293 articles scientifiques focalisés sur le déclin des colonies, parus depuis 2007 : « J’ai constaté une diversité très importantes des techniques déployées, pour des résultats et livrables qui, du coup, ne peuvent bien souvent pas être confrontés d’une étude à l’autre. » Si la nécessité d’approches harmonisées fait consensus, la manière d’y parvenir reste à définir.

Varroa : la génétique à la rescousse

Certains travaux restent centrés sur un seul facteur du déclin des abeilles. Yves Le Conte, directeur de recherche à l’Inra, a ainsi fait le point sur la sélection d’abeilles résistantes au varroa. « Deux caractères sont intéressants : la production d’un couvain dans lequel le varroa ne se reproduit pas, et des comportements hygiéniques qui permettent d’interrompre le cycle du parasite dans les alvéoles », explique-t-il. Le projet Beestrong, financé par le programme d’investissements d’avenir doit aboutir, en 2019, à un plan de sélection favorisant ces deux caractères. En ne perdant pas de vue les autres critères de sélection cruciaux pour l’apiculteur : « Nous devons trouver les bons marqueurs génétiques, tout en gardant des abeilles produisant un miel de qualité et en quantité satisfaisante ! »