Dephy Expé 2, « des stratégies performantes à tous les niveaux »

La cellule d’animation nationale du réseau Dephy Ecophyto, Inrae et Agreenium ont organisé une journée de restitution des résultats des projets du réseau Dephy Expé 2 du plan Écophyto le 16 mai aux Chambres d’agriculture France.  Ce réseau compte 200 sites expérimentaux autour de 41 projets, visant à mettre en place des stratégies agroécologiques avec une utilisation des pesticides en ultime recours. « Cette journée de restitution n’a pas pour objectif d’offrir une vision d’ensemble des projets, ni univoque des résultats, mais elle vise à préparer les projets Dephy Expé 3 », a insisté Emeric Emonet, animateur de Dephy Expé 2 et responsable agroécologie à l’Acta. Par ailleurs, le réseau est composé de projets, non d’essais, rendant parfois les comparaisons difficiles. Il est également nécessaire de consolider le cadre méthodologique. « Nous pouvons faire mieux, mais cela nécessite une collaboration étroite avec l’Inrae », a-t-il souligné.

260 systèmes testés, combinant plusieurs leviers

Le réseau a testé 260 systèmes, cherchant à combiner divers leviers pour atteindre des objectifs ambitieux de réduction des indices de fréquence de traitement, IFT, d’au moins 50 %. « Ces systèmes impliquent une diversification et une complexification progressive des pratiques agricoles, intégrant la régulation naturelle des bioagresseurs au-delà des seules parcelles cultivées, poursuit-il. Il faut regarder ce qu’il se passe autour des parcelles ou faire de la régulation naturelle. »

Les enseignements tirés de Dephy Expé 2 doivent encore être discutés et consolidés. « Il existe des stratégies performantes à tous les niveaux, mais elles ne garantissent pas un même rendement à coût constant, explique Emeric Emonet. Les résultats de ces essais sont influencés par la pression des bioagresseurs et les variations climatiques annuelles, modifiant l’équilibre des écosystèmes et pouvant entraîner l’émergence de nouveaux agresseurs. Par ailleurs, la maîtrise de certains leviers demande des apprentissages prolongés ainsi que l’évolution des organisations dans les territoires et les filières. »

Des impacts économiques variés selon les cultures

Plus concrètement, dans les systèmes de production de légumes, le projet Breizhcoleg a démontré que la réduction des intrants phytosanitaires entraîne des impacts économiques variés selon les cultures. Pour l’échalote et la salade, les conséquences ont été significatives, alors que pour l’artichaut et les choux, les impacts financiers ont été moindres. En ce qui concerne la production de semences, comme exploré dans le projet AgroSem, l’absence de produits phytosanitaires de synthèse a légèrement réduit les rendements. Toutefois, la qualité des semences produites a montré une amélioration notable. Un aspect négatif a été l’augmentation significative du temps de travail nécessaire pour maintenir les cultures sans ces intrants. Dans les systèmes viticoles, le projet Salsa a étudié l’utilisation de la résistance variétale et des régulations naturelles. Les résultats ont été particulièrement satisfaisants pour la gestion du mildiou et de l’oïdium, même lors des années de forte pression. Les charges et le temps de travail n’ont pas été fortement impactés. Cependant, certaines baisses de rendement ont été observées dans des cas spécifiques.

Dephy Expe 3, les lauréats connus en décembre 2024

« Nous devons continuer à progresser malgré les obstacles », a ajouté Emeric Emonet. Le réseau Dephy Expé 3 se fonde sur les retours d’expérience et les regards croisés pour identifier des synergies. « Le cahier des charges est similaire à celui de Dephy Expé 2, mais avec une priorité accrue sur le transfert des résultats aux exploitations agricoles, précise Emeric Emonet. À mi-avril, 50 lettres d’intention ont été reçues et la phase de sélection est en cours. » Les lauréats seront annoncés en décembre 2024.