Ecophyto et réseau Dephy, « le transfert sera au cœur de la programmation 2022-2026 »
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Dix ans après le lancement des fermes Dephy, et malgré la démonstration de la force du collectif, le programme a encore fort à faire. Mieux diffuser les connaissances, attirer plus d’agriculteurs, mais aussi de conseillers : voilà les challenges du programme pour sa prochaine programmation 2022-2026, listés lors du colloque national organisé le 3 juin.
C’est reparti pour cinq ans ! Une décennie après le lancement du programme Dephy, ce dernier a été reconduit pour une troisième reprogrammation (2022-2026). « L’objectif sera d’aller encore plus loin, l’enjeu du transfert des connaissances sera au centre de toutes nos actions, explique ainsi Virginie Brun, cheffe de projet Dephy Ecophyto, lors du colloque national Dephy 2021 organisé le 3 juin. Nous allons travailler pour embarquer encore plus de monde, former et intéresser les conseillers à ces dynamiques de transition, pour accompagner efficacement les agriculteurs. » Un « plan de transfert » devrait ainsi être ajouté au cahier des charges du programme pour les cinq années à venir. « Nous devons davantage communiquer les résultats des agriculteurs, en faisant des témoignages vidéos, des restitutions par filière, indique Pierre Goulard, animateur Ecophyto à la Chambre d’agriculture Occitanie. Mais cela demande du temps et de l’argent. »
Groupes 30 000, décoincer la dynamique
L’objectif est notamment d’accélérer la dynamique sur les groupes 30 000. « Nous avons sûrement fait le tour des agriculteurs qui étaient prêts à se lancer de suite, dans une démarche très formelle, glisse Philippe Noyau, secrétaire adjoint de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture. Pour susciter l’envie, les ingénieurs réseaux, les conseillers Dephy, insistent sur les forces du collectif. « Les agriculteurs demandent de plus en plus à échanger et confronter ce qu’ils font, le conseiller doit vraiment passer d’une posture d’expert à celui d’animateur, pour faciliter le partage de connaissances », précise Guillaume Gastaldi, ingénieur territorial Dephy viticulture, à la Chambre d’agriculture des Pays-de-la-Loire. Un point de vue partagé par Alexandre Poucet, polyculteur Dephy dans l’Allier. « Appartenir à un groupe Dephy nous permet de ne pas refaire les mêmes erreurs que d’autres avant nous, de ne pas être enfermé sur nos exploitations avec nos œillères. » L’argument économique n’est néanmoins pas à sous-estimer. « Notre motivation de base était économique, nous nous sommes lancés dans l’agriculture de conservation des sols pour faire plus de marge », témoigne Alexandre Poucet.
Mieux valoriser le métier de conseiller
Côté conseillers, des freins sont également à lever. « Ils manquent de temps, animer un réseau Dephy représente un quart d’un temps plein », souligne Pierre Goulard. Le métier se complique également. « Cela n’a jamais été aussi complexe qu’aujourd’hui d’être conseiller, pose la sociologue au Gerdal*, Claire Ruault. Le métier n’est pas assez valorisé, et parfois même déligitimer par les agriculteurs, pour qui l’aval reste le premier conseil, car il lui permet de vendre leurs produits. »
2000 fermes pour 2022-2026
Dix ans après le lancement des premières fermes Dephy, 3000 agriculteurs sont engagés, répartis en 240 groupes. Pour la prochaine programmation, les candidatures sont à l’étude. Les sélections devraient néanmoins être resserrées. 2000 fermes, contre 2800 en moyenne pour les programmations précédentes, seront choisies pour la période 2022-2026.
*Groupe d’expérimentation et de recherche : développement et actions localisées