Des chercheurs veulent améliorer l’évaluation des systèmes agroécologiques
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L’impact sur l’environnement des modèles d’agriculture est au cœur de nombreuses études. Celui-ci est généralement évalué grâce à l’analyse du cycle de vie. Selon des chercheurs, cette méthode n’est pas suffisante pour mesurer les bénéfices de systèmes agroécologiques, telle que l’agriculture biologique. Ils émettent des propositions pour améliorer l’évaluation.
Au sein des exploitations, la dynamique est à la réduction de l’impact sur l’environnement des pratiques agricoles. Dans ce cadre, de nombreuses études se sont attelées à comparer les effets environnementaux des systèmes conventionnel et bio. Pour cela, la méthode de l’analyse du cycle de vie est principalement utilisée. Selon elle, l’agriculture biologique aurait des impacts plus lourds en raison de la moindre productivité des cultures, entraînant une plus grande utilisation de terres, comme le soulignait une récente étude. Mais selon un chercheur de l’Institut national de la recherche agronomique et de l’environnement (Inrae) et deux collègues danois et suédois, ces conclusions seraient à nuancer. Dans une analyse critique publiée dans Nature sustainability, le 16 mars, ces derniers estiment que la méthode ACV n’est pas assez exhaustive pour bien prendre en compte plusieurs bénéfices de l’agriculture biologique.
Prise en compte de la biodiversité trop faible
Les chercheurs regrettent ainsi que l’ACV néglige trop souvent plusieurs facteurs comme la biodiversité, la qualité des sols ou l’impact sur l’environnement des pesticides. Des « oublis » qui conduiraient à des conclusions erronées des ACV, lors de comparaisons entre agriculture conventionnelle et agriculture biologique. « Des études antérieures ont déjà monté que les champs conduits en agriculture biologique supportent des niveaux de biodiversité environ 30 % plus élevées que les champs conduits en agriculture conventionnelle », rappelle l’Inrae. Dans leur analyse, les chercheurs regrettent également que l’impact des pesticides sur les écosystèmes terrestres et aquatiques ne soient pas davantage pris en considération, alors que l’agriculture biologique proscrit leur utilisation.
Pour une révision de l’ACV
Autre critère que les chercheurs souhaiteraient voir plus représenté : la dégradation des terres et de la qualité des sols, découlant de la gestion des agrosystèmes. « Les avantages des pratiques agricoles biologiques, telles que des rotations mobilisant une plus grande diversité de cultures et l’utilisation d’engrais organiques, sont paradoxalement souvent négligés dans les études d’ACV », est-il souligné. Pour dresser des évaluations plus précises, les chercheurs font plusieurs propositions. En premier lieu, évaluer les impacts environnementaux par hectare de terre plutôt que par kilogramme de produits qui « favorise les systèmes intensifs conventionnels ». L’équipe préconise d’améliorer la méthodologie, et surtout de la coupler à d’autres méthodes d’évaluation environnementale.