La haute performance azotée étudiée dans un projet Casdar
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Treize partenaires étaient rassemblés au sein du projet Casdar Agro-éco-Syst’N. Son objectif : identifier des systèmes agroécologiques à haute performance azotée. La restitution des résultats permet de dégager des pistes pour améliorer le conseil en la matière.
La gestion de la fertilisation azotée évolue. La restitution du projet Casdar Agro-éco-Syst’N, qui entend identifier des systèmes agroécologiques à haute performance azotée, s’est tenue le 27 novembre. Objectif : dépasser les pratiques actuelles fondées sur la maîtrise de l’azote par culture et par parcelle, ainsi que sur des objectifs de production et de qualité. Même si les agriculteurs utilisent des outils de pilotage de la fertilisation, ce n’est plus suffisant. « Nous avons besoin de passer à une échelle supérieure et d’intégrer, sur plusieurs années, les systèmes de cultures, l’utilisation de couverts végétaux et de matière organique, ou encore de prendre en compte la place des légumineuses ou celle occupée par les prairies temporaires », explique Jean-François Vian, enseignant chercheur à l’Isara. L’école d’ingénieurs fait partie des treize structures du projet avec l’Acta, l’Inrae, Terres Inovia, le Centre technique des fruits et légumes (CTIFL), l’Institut technique de la betterave (ITB), la Chambre d’agriculture de Bretagne, ainsi que des lycées agricoles et des écoles d’ingénieurs.
Diminuer les pertes de nitrates et d’ammoniac
Les partenaires se sont focalisés sur les pertes d’azote dans l’eau, soit la lixiviation des nitrates, et dans l’air, soit la volatilisation sous forme d’ammoniac, pour qualifier les systèmes à haute performance azotée. Des seuils de pertes d’azote ont également été définis pour screener les itinéraires les plus intéressants : un maximum de 10 kg N pour 100 mm d’eau drainée pour les nitrates et de 5 % des apports totaux d’azote pour l’ammoniac. « Ces valeurs permettent d’identifier les points faibles des systèmes de culture, de relier les pertes d’azote avec les combinaisons de pratiques et d’identifier les systèmes les plus vertueux », explique Jean-François Vian.
Peut-on dégager des grandes tendances ? « Une des premières est qu’il semble plus simple d’adopter des bonnes pratiques sur la volatilisation que sur la lixiviation de l’azote », indique Raymond Reau, ingénieur de recherche à l’Inrae de Grignon. En effet, sur vingt situations étudiées, 18 ont été notées comme diminuant les pertes d’ammoniac dans l’air, et seulement quatre sur le rejet des nitrates dans l’eau. « L’intégration de cultures pièges à nitrate permettent de réduire significativement les phénomènes de lixiviation, à condition de bien savoir les positionner », ajoute-t-il. Le choix de la forme d’engrais, les pratiques évitant que l’azote reste trop longtemps dans les premiers centimètres du sol, l’irrigation après l’apport ou la présence de pluie, sont des facteurs qui influent sur la volatilisation.
Un outil de diagnostic pour les conseillers
Pour évaluer les pertes et comparer les systèmes de culture, les partenaires se sont appuyés sur l’outil Syst’N, qui a été amélioré au cours du projet : une nouvelle version est désormais disponible pour les conseillers. Ces derniers renseignent les données pédoclimatiques et les systèmes de cultures, même si l’outil possède une base d’informations régionales sur les sols et des éléments chiffrés sur la composition des matières organiques. Si Syst’N couvre les grandes cultures classiques, une trentaine de cultures sont disponibles. Parmi les derniers ajouts : le chanvre, le lin, la carotte, la pomme de terre, le sarrasin, la féverole, le soja et la luzerne. Surtout adapté aux systèmes conventionnels, l’outil est en cours de développement pour l’agriculture biologique. « L’utilisation de Syst’N nécessite une expertise agronomique », précise toutefois Virginie Parnaudeau, chercheur à l’Inrae de Rennes.
Un forum des utilisateurs
Sur le site de téléchargement de l’outil, un guide d’accompagnement et de prise en main sont disponibles. Un forum des utilisateurs, des macro excel sur les données journalières et un guide pour l’analyse et le recalage des simulations permettent par ailleurs d’aller plus loin.
Les partenaires du projet travaillent sur les rendus, comme des guides méthodologiques de pertes d’azote et de gestion des systèmes à haute performances en azote. Des séances de formation et de conseils sont également prévus.