Référence agro

Diversification des cultures : des embuches de l’amont à l’aval

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Alors qu’elle permet de diminuer l’utilisation d’intrants et de préserver les ressources en eau, la diversification des cultures progresse peu. A la demande des pouvoirs publics, l’Inra a mené une étude pour identifier les freins à cette pratique, et les possibles leviers pour la favoriser. L’Institut a planché sur le cas de douze cultures mineures et à trois filières. Son constat : des obstacles à tous les niveaux. Sélectionneurs, fournisseurs et agriculteurs : un déficit de références L’étude met en lumières des obstacles au niveau de tous les acteurs. Les sélectionneurs et fournisseurs prennent un risque en investissant dans la recherche sur les cultures peu implantées. Leur prudence, logique, n’incite pas les agriculteurs à se lancer dans des filières émergentes. « Pour eux aussi, la prise de risque est un frein, explique Aude Charlier, ingénieure de recherche à l’Inra. On peut comprendre la réticence à choisir une culture présentant peu de choix dans les variétés, un manque de solutions en protection phytosanitaire, ou encore un manque de références technique. » Organismes collecteurs : économie d’échelle et problème logistique Les organismes de collecte et de stockage sont eux confrontés à la concurrence des grandes espèces sur le marché des matières premières. François Charrier, ingénieur de recherche à l’Inra, évoque d’autres obstacles plus terre à terre : « au-delà des économies d’échelle, favorables aux espèces dominantes, la simple disponibilité de silos ou la nécessité de certains appareil spécialisés pose des problèmes logistiques. » Transformateurs et distributeurs : coincés entre normes et habitudes de consommation Au niveau de la transformation, les recherches de l’Inra ont permis d’identifier une méconnaissance des matières premières les moins répandues, dont certaines ont mauvaise presse auprès des agro-industriels. Les standards de production et cahiers des charges parfois restrictifs constituent d’autres limites. Un changement d’orientation semble d’autant plus audacieux que les consommateurs sont réticents à changer leurs habitudes de consommations.