Diversité génétique : une ressource à préserver
Le | Recherche-developpement
« Travailler à sauvegarder une diversité biologique est essentiel car c’est une assurance pour l’agriculture de demain, a avancé Jean-François Soussana, directeur scientifique Environnement à l’Inra, en ouverture des Carrefours de l’innovation agronomique (Ciag) organisé par l’Institut le 18 juin sur le thème de la diversité génétique. Il faut en effet pouvoir, entre autres, adapter les populations végétales et animales aux changements écologiques, aux maladies émergentes et aux modifications des demandes des consommateurs ». Et ce, en raison notamment du réchauffement climatique et de la mondialisation des échanges de biens et de personnes qui multiplient les invasions biologiques. Or la diversité génétique s’appauvrit, aussi bien dans le monde végétal qu’animal. « On estime à 7 000 le nombre d’espèces végétales utilisées dans l’histoire, or aujourd’hui, seules 150 espèces sont cultivées, dont 15 contribuent à 90 % des besoins alimentaires en calories, a précisé Jean-François Soussana. Côté animal, 1 500 races domestiquées sont menacées d’extinction, et une disparaît tous les mois. » La préoccupation n’est pas nouvelle et les infrastructures ayant pour but d’observer et de préserver les ressources génétiques domestiques se développent, tant au niveau français qu’européen. Les études dédiées, quant à elles, ne manquent pas. Les différents intervenants du colloque étaient là pour le prouver. Ainsi, Christian Lannou, directeur de recherche à l’Inra, a présenté le projet Gester, pour une gestion territoriale des résistances aux maladies en réponse aux nouvelles contraintes d’utilisation des pesticides en grande culture. « Le niveau de résistance d’une variété dépend de sa fréquence dans le paysage », a-t-il expliqué. Et de chercher comment, avec les différents acteurs du monde agricole (distribution, prescription…), répartir les variétés dans le paysage pour obtenir une gestion durable des résistances impactant le blé et le colza et réduire ainsi le recours aux fongicides. « Sans variété, pas de sélection possible » Coralie Danchin-Burge, de l’Institut de l’élevage, a quant à elle exposé l’objectif du projet Varume (Variabilité génétique des ruminants et des équidés) : créer un observatoire de la variabilité génétique basé sur les données généalogiques dont les indicateurs sont disponibles et actualisés. Car « sans variété, pas de sélection possible », a-t-elle déclaré. Et Grégoire Leroy, de l’Inra, de confirmer que la consanguinité conduit à une détérioration des caractères fonctionnels (production laitière, longévité fonctionnelle…).