Drosophila suzukii : « Des solutions techniques peu durables », Sébastien Ballion, Cefel
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« Avec Drosophila suzukii, nous sommes dans une impasse : nous n’avons pas de moyens de lutte satisfaisants alors que le ravageur cause d’importants dégâts pour les producteurs de cerises et de fraises. Il a été détecté dans le Tarn-et-Garonne en 2010 », explique Sébastien Ballion, technicien expérimentation au Cefel, Centre d’expérimentation en fruits et légumes de Midi-Pyrénées.
Le Centre d’expérimentation en fruits et légumes, Cefel, de Midi-Pyrénées a participé à un travail de l’Inra pour étudier l’apport des éléments paysagers dans la lutte contre Drosophila suzukii. Pour les arboriculteurs, l’omniprésence du ravageur sur tout le territoire complexifie la lutte.
En Midi-Pyrénées, la lutte chimique permet de sécuriser les récoltes, et peu de dégâts sont constatés en vergers protégés. « Toutefois, les solutions sont à la disposition des producteurs souvent sous régime dérogatoire et doivent faire l’objet d’une demande de ré-autorisation par les professionnels tous les ans, ajoute-t-il. De plus, ils s’utilisent proche de la récolte et peuvent parfois nécessiter deux à trois traitements. Ce qui complique le travail des exploitants, n’est pas satisfaisant d’un point de vue environnemental et peut entraîner des phénomènes de résistance. »
Une omniprésence, même dans les zones non agricoles
Afin de trouver des méthodes alternatives de lutte, le Cefel a participé à un programme de recherche de l’Institut national de la recherche agronomique, Inra, dans le cadre de la thèse de Nicolas Saillou. Objectif : étudier l’apport des éléments paysagers, comme les bois et les haies, dans le cycle de développement et la lutte contre de Drosophila suzukii. « L’idée était de cartographier la présence de l’insecte sur le territoire pendant les différentes saisons, et voir si ces éléments pouvaient servir à définir de nouvelles stratégies de lutte », ajoute Sébatien Ballion. Les résultats ont montré que la mouche est présente partout, dans les parcelles, les haies, les bois et même dans les zones non agricoles.
270 000 insectes capturés en trois semaines
« La difficulté est que la ravageur n’est pas spécifique de cultures, ni de zones, déplore le technicien. Nous avons réalisé des piégeages massifs dans un verger de cerisiers en période de récolte pour tenter de réduire la pression. Nous avons capturé 270 000 insectes en trois semaines ! Or, cela n’a donné aucun résultat : il y a eu autant de dégâts que dans les parcelles témoins non-traités. L’insecte est présent en trop grand nombre pour qu’une telle méthode fonctionne. » Sans traitements, la nuisibilité s’élève à 80 %, voire 100 %.
Autre méthode en test : la pose de filets insect proof. « Mais le coût est élevé, de 25 à 30 000 euros par hectare, qui pourrait s’amortir en dix ans », indique Sébastien Ballion. De plus, ces filets pourraient augmenter les risques de moniliose, du fait d’une augmentation de l’humidité.