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Drosophila suzukii : la recherche suisse avance sur les options de lutte alternatives

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Catherine Baroffio est chercheuse en Suisse, à l'Agrascope, équivalent helvète de l’Inra. Invitée à la sixième édition de la Conférence sur les moyens alternatifs de protection pour une production intégrée (Comappi), le 23 mars à Lille, elle a proposé un point sur les moyens de lutte alternative contre la drosophile suzukii. « Il va falloir apprendre à vivre avec », a-t-elle précisé d’entrée. Avec dix générations par an, et une partie de son cycle dans les bois, le ravageur ne sera jamais complètement éradiqué, « sauf à opter pour une déforestation totale. » Alors que le CNRS a récemment mis au jour l’appétence de la drosophile pour les fruits intacts, l’Agrascope s’efforce d’avancer sur tous les fronts pour préserver les vergers.

Filets d’isolation, efficaces mais contraignants

 

La première piste : maintenir les mouches à distance. Les filets à petite maille montrent des résultats… sous condition. « L’isolation doit être totale, le moindre interstice suffit à la drosophile, détaille Catherine Baroffio. Et les travailleurs doivent suivre des règles strictes en termes de méthode de travail et d’hygiène. » En comptant les investissements matériel et humain, ces filets peuvent revenir à 4 000 € par hectare, « mais tous les fruits sont vendus, et la confiance des acheteurs maximale. »

 « Masquer » les fruits, une solution qui a fait ses preuves

 

Concernant les pièges, type appâts, « les tests en laboratoire sont positifs, mais les résultats au verger ne sont pas encore au rendez-vous, admet la chercheuse. Nous continuons à travailler cette voie ! »

 

Enfin, la troisième piste consiste, sans agir sur l’insecte lui-même, à « masquer » les fruits. Badigeonné sur les fruits, un enduit à base de kaolin (une forme d’argile blanche) joue ce rôle si aucune précipitation n’intervient trop vite après l’application. « Cette chaux n’est pas toxique pour l’homme, et elle couvre particulièrement bien les petits fruits, précise Catherine Baroffio. Mais il faut être très réactif et réaliste : il y aura toujours des dégâts. »

 

Le biocontrôle, via des parasitoïdes, des champignons ou des prédateurs, est également à l’étude, mais pour le moment à un stade encore très expérimental.