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Ecophyto, un éclairage sur le biocontrôle contre le mildiou de la pomme de terre

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Quelque 150 projets de recherche ont été labellisés Ecophyto depuis le lancement du plan en 2009. L’Inrae propose, en cette fin d’année, de revenir sur certains d’entre eux, centrés sur le biocontrôle. Focus sur MilPomBio, qui a passé en revue les solutions existantes contre le mildiou de la pomme de terre, afin de tester les plus prometteuses au champ.

Mildiou de la pomme de terre. Crédit photo : Arvalis - © D.R.
Mildiou de la pomme de terre. Crédit photo : Arvalis - © D.R.

D’octobre à décembre 2021, l’Inrae organise une série de webinaires, centrés sur des projets de recherche menés dans le cadre d’Ecophyto. Une thématique centrale : le biocontrôle. Près de 130 participants ont notamment pu découvrir les conclusions de MilPomBio, le 21 octobre. Ce programme a été piloté par Végénov, un centre de ressources technologiques (CRT) spécialiste du végétal, de 2015 à 2018. Une subvention Ecophyto a permis de le financer à hauteur de 104 000 €, sur les 235 000 € de budget au total.

42 solutions de biocontrôles testées en labo

L’objectif de départ était simple : analyser, en laboratoire, 42 solutions de biocontrôle contre le mildiou de la pomme de terre, qu’elles soient formulées ou à un stade préliminaire de développement (extraits d’algues ou de plantes, microorganismes, minéraux, composés organiques, phosphites…). Avec une efficacité de plus de 50 % contre le pathogène, dix de ces produits ont passé le premier niveau de sélection des chercheurs, pour être testés au champ sur deux années. « L’idée, avec ces deux sessions de tests, aux climats différents, était de ne pas avoir un biais trop important lié à l’effet année, précise Antoine Ménil, chercheur chez Vegenov. Nous les avons menés sur deux stations différentes, pour plus de variabilité dans les contextes de production. »

Les phosphites tirent leur épingle du jeu

Les produits à base de phosphites, pas encore homologués, ressortent comme particulièrement intéressants. Pour se rapprocher au plus près de recommandations concrètes, les chercheurs du projet MilPomBio ont été jusqu’à expérimenter différents modalités d’application, jouant en particulier sur la dose d’application d’un fongicide de synthèse partenaire : 100 %, 60 %, 30 % et 0 %. Autre levier activé : les variétés de pomme de terre. « Les produits à base de phosphites permettent une diminution de l’utilisation de produits phytosanitaires conventionnels, de 40 à plus de 90 %, dans le cas de variétés à tolérance intermédiaire à forte », synthétise Antoine Ménil. Le chercheur souligne par ailleurs que l’utilisation de l'OAD Mileos, pour le suivi de la maladie sur les parcelles, a joué un rôle majeur dans l’optimisation des résultats.

Vers une homologation contre le mildiou

Le projet est arrivé à son terme, mais les perspectives sont là. « Un partenariat avec l’acteur industriel développant les phosphites les plus efficaces devrait permettre l’homologation de cette solution sur pomme de terre, voire son extension à d’autres filières », indique Antoine Ménil. D’autres pistes de travail ont été identifiées et pourraient être explorées dans de futurs projets : par exemple, mieux caractériser les modes d’action des phosphites, ou aborder leur complémentarité avec le cuivre.