Élevage allaitant : les cinq recommandations de FNH pour une filière rémunératrice et agroécologique
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Formuler cinq recommandations pour « sortir d’un modèle qui s’intensifie au détriment de l’environnement, des éleveurs de plus en plus pauvres et des contribuables », tel est l’objet du rapport « Élevage allaitant : changer de logique pour sortir de l’impasse » de la FNH, publié le 24 septembre 2024.
Formuler cinq recommandations pour « sortir d’un modèle qui s’intensifie au détriment de l’environnement, des éleveurs de plus en plus pauvres et des contribuables », tel est l’objet du rapport « Élevage allaitant : changer de logique pour sortir de l’impasse » de la FNH, publié le 24 septembre 2024, à l’occasion du Sommet de l’élevage, organisé du 1er au 4 octobre 2024 à Clermont-Ferrand.
Lancée en 2022, cette étude a pour objectif d’identifier et d’analyser les causes de la crise de l’élevage français, ainsi que de dégager cinq chantiers, permettant à la filière de s’assurer un avenir durable financièrement et pleinement engagé dans la transition agroécologique.
« Il est important de se rendre compte que les subventions reçues par les éleveurs sont indirectement captées par l’industrie agroalimentaire et la grande distribution. Pour autant, ces maillons connaissent eux aussi des difficultés économiques, ce qui nous interroge. Il faut donc poser un constat lucide sur une filière qui pourrait péricliter faute de réflexion sur le modèle d’élevage à promouvoir, sur nos modes de consommation et sur le partage de la valeur entre les différents maillons » déclare Elyne Etienne, responsable élevage durable à la FNH.
Les cinq grands chantiers proposés par la FNH
Les 5 recommandations reposent sur :
- Une refonte du cadre des négociations commerciales :
- En conditionnant les exonérations fiscales et sociales des entreprises au respect de la loi Egalim ;
- En mettant en place des prix planchers couvrant les coûts de production (dont la rémunération) ;
- En développant les contrats tripartites afin de sécuriser des débouchés plus durables pour les éleveurs (notamment l’engraissement de broutards) ;
- Le lancement d’un grand plan de relocalisation de l’engraissement à l’herbe des broutards et de re-développement de races mixtes, via une concertation approfondie entre interprofessions bovines et l’implication des instituts de recherche ;
- La conduite d’un état des lieux des financements publics, directs ou indirects, alloués à tous les maillons de la filière bovine et le fléchage de ceux-ci vers un modèle agroécologique (élevage majoritairement à l’herbe, autonomie fourragère, sans intrants de synthèse) et territorialisé ;
- Une évolution dans la consommation de viande bovine vers le “moins et mieux” avec une réduction des quantités au profit d’une viande biologique ou label rouge, que ce soit à domicile ou hors domicile, et l’obligation pour la grande distribution comme pour la restauration hors domicile de proposer un pourcentage de viande sous labels et des alternatives végétales ;
- Un vaste plan de soutien aux abattoirs publics et aux filières laitières territorialisées afin de maintenir des exploitations bovines diversifiées sur le territoire, en mettant en place un fonds associant l’État, les collectivités et les entreprises (au travers d’un pourcentage de leurs bénéfices et investissements annuels).
Les principales causes d’une rentabilité décroissante :
-Le boom du steak haché au détriment des pièces à forte valeur ajoutée (comme la bavette ou l’entrecôte), alimenté par un fort développement de la Restauration hors domicile (RHD). Cela place les éleveurs allaitants en concurrence directe avec les éleveurs laitiers français et étrangers, ces derniers vendant leur viande 30 % moins chère ;
-Le boom du steak haché au détriment des pièces à forte valeur ajoutée (comme la bavette ou l’entrecôte), alimenté par un fort développement de la RHD. Cela place les éleveurs allaitants en concurrence directe avec les éleveurs laitiers français et étrangers, ces derniers vendant leur viande 30 % moins chère ;
-La forte asymétrie de pouvoir au sein de la filière qui empêche les éleveurs de négocier leurs prix et de couvrir leurs coûts de production ;
-Une captation des aides publiques par l’industrie agroalimentaire et la grande distribution. Le prix de vente de la viande a baissé de 22 000 € entre 1988 et 2018 alors que les subventions augmentaient de 37 000 € ;
-Une spécialisation dans l’exportation de jeunes veaux vifs destinés à l’exportation qui ne créé pas de valeur ajoutée pour l’éleveur. Ces jeunes bovins sont notamment exportés en Italie pour y être engraissés de façon intensive, délocalisant ainsi la valeur ajoutée et incitant les éleveurs à spécialiser leurs races de vaches (charolaises et limousines par exemple).