Une étude pose la question des critères de sélection du maïs face aux changements climatiques
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Selon une étude publiée le 9 juin dans Nature Communications, la sélection du maïs, historiquement focalisée sur la productivité, n’en intègre pas moins la possibilité de cultiver la plante en cas de conditions climatiques défavorables. La perspective de focaliser la recherche sur ces critères, désormais, pose question.
Bien que visant avant tout l’augmentation des rendements, la sélection variétale du maïs, ces 60 dernières années, a abouti à des variétés performantes face aux conditions climatiques défavorables. En effet, dans leur recherche de productivité, les sélectionneurs n’ont pas manqué de tester leurs variétés dans différentes situations, y compris dans des parcelles à faible potentiel, bien souvent en raison du climat. Les semences commercialisées suite à ces expérimentations ont donc prouvé leur capacité à produire, même dans un cadre peu favorable. Ce constat est tiré d’un article signé de chercheurs d’Inrae, Arvalis-Institut du végétal, et des universités de Wageningen (Pays-Bas) et Louvain (Belgique), publié dans Nature Communications, le 9 juin.
Les sélectionneurs intègrent déjà les variations climatiques
Pour arriver à cette conclusion, ils ont mené une étude comparative sur 66 variétés de maïs commercialisées entre 1950 et 2015, dans 30 parcelles en Europe dans différentes conditions climatiques. Ils ont également collaboré avec différents acteurs du marché : Limagrain, RAGT, MAS Seeds et KWS. Les chercheurs montrent que la recherche de rendements et l’adaptation au climat ne sont pas incompatibles, et même déjà associées dans les protocoles des sélectionneurs. Faut-il malgré tout envisager une évolution de la sélection, face à des évènements climatiques de plus en plus extrêmes et fréquents ?
« Réservoir inexploité d’allèles favorables »
Les chercheurs n’excluent pas cette possibilité. Ayant peu fait l’objet de projets de recherche spécifiquement dédiés à l’adaptation climatique, les caractères liés à cet enjeu chez le maïs (par exemple la capacité à limiter la transpiration de la plante) n’ont pas été véritablement travaillés, « suggérant un réservoir inexploité d’allèles favorables ». S’il peut être tentant de creuser dans cette direction, les scientifique avertissent : la recherche de maïs productifs a abouti a des variétés s’adaptant aux variations climatiques, mais l’inverse n’est pas garanti. Autrement dit, rien ne dit que des maïs très résilients face aux stress climatiques présenteront de bons rendements en conditions « normales ».
Offrir aux agriculteurs un choix de maïs plus large
L’étude se termine par plusieurs orientations possibles pour la recherche de variétés de maïs. Elle suggère notamment de prendre comme critère de sélection, en plus du rendement lui-même, la réponse du rendement aux conditions climatiques. « Cela permettrait d’affiner les hybrides pour différents scénarios environnementaux et de présenter aux agriculteurs une offre plus large, pour qu’ils choisissent les hybrides les plus appropriés en fonction de leur connaissance de chaque champ et de leur attitude face au risque », concluent les chercheurs.