Référence agro

Fertilisation : l'Inra et Arvalis planchent sur des alternatives à la méthode du bilan azoté

Le | Recherche-developpement

Peut-on raisonner la fertilisation azotée autrement qu’avec la méthode du bilan ? C’est la question que s’est posée l’Association française d’agronomie (AFA) lors d’un colloque dédié le 31 mai, à Paris. En 50 ans, cette technique a fortement évolué et s’est perfectionnée au point de devenir un impératif règlementaire en 2013. Mais les standards imposés dans ce cadre, régionaux, sont jugés imprécis par certains agriculteurs et conseillers, qui y voient un impératif mal adapté très localement. La variable climatique a également changé depuis 2013.

La montée en puissance des enjeux environnementaux, liés à la qualité des eaux, de l’air ou à la biodiversité, incitent la recherche à investiguer des méthodes plus poussées. Dans ce contexte, l’Inra et Arvalis ont présenté deux alternatives, encore en expérimentation.

Sortir de la logique des rendements

Dans les deux cas, un suivi des parcelles avec des apports calculés en temps réel est proposé. Jugées prometteuses, ces méthodes doivent encore être peaufinées, et se heurtent, pour un déploiement sur le terrain, à plusieurs obstacles. À commencer par leur principe de base : « Ces méthodes sortent de la logique des rendements, détaille Marie-Hélène Jeuffroy, chercheuse à l’Inra. Elles établissent que les carences ne sont pas forcément nuisibles, et qu’elles sont même souhaitables dans une certaine mesure, car alors la plante valorise mieux les apports. »

L’atout numérique pour changer les habitudes

« Penser autrement, changer des habitudes bien ancrées, c’est sans doute le plus compliqué, reconnait François Laurent, ingénieur chez Arvalis. Les résultats sont porteurs d’espoir, même si pour le moment les rendements sont légèrement moins bons. Le déploiement des technologies numériques, les capteurs du sol et sur les plantes, doivent permettre de progresser encore. »

Ces méthodes suggèrent également une plus grande présence dans les parcelles pour l’agriculteur et son conseiller, et davantage de chantiers de fertilisation. Enfin, la méthode du bilan fait partie intégrante de la réglementation, ce qui ne laisse guère de place aux alternatives.